Procès de l'amiante à Turin : 16 ans de prison pour les responsables d'Eternit

Le verdict est tombé : les accusés dans l'affaire Eternit ont été condamné à 16 ans de prison. Une sentence jugée "historique" par le ministre de la Santé italien, et qui suscite l'espoir à l'étranger.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Procès de l'amiante à Turin : 16 ans de prison pour les responsables d'Eternit

Des centaines de proches de victimes de l'amiante avait fait le déplacement jusqu'à Turin pour entendre le verdict tant attendu. Certains portaient sur leurs épaules un drapeau italien sur lequel on pouvait lire "Eternit Justice". A l'annonce du verdict, rendu dans un silence de plomb, des proches de victimes ont éclaté en sanglot. Ils n'auront pas fait le voyage pour rien : le tribunal de Turin a condamné à 16 ans de prison M. Schmidheiny, important actionnaire d'Eternit Italie de 1976 à 1986, et le baron belge Jean-Louis de Cartier de Marchiennes, actionnaire et administrateur d'Eternit, jugés par contumace. Ils ont été considérés responsables de la mort de 3 000 personnes en Italie, ouvriers ou habitants des villes où Eternit avait des usines. Les dédommagements des parties civiles devraient atteindre au total plusieurs dizaines de millions d'euros.

"Procès historique"

Les réactions ne se sont pas faites attendre. Le ministre de la Santé italien, Renato Balduzzi, a qualifié la sentence "d'historique aussi bien pour les aspects sociaux que pour ses aspects technico-juridiques", soulignant qu'elle "couronne une longue bataille qui a vu l'Etat aux côtés des victimes à tous les niveaux institutionnels". Quant au procureur Raffaele Guariniello, qui a enquêté durant plus de cinq ans, il estime que "c'est un procès historique, le plus grand au niveau mondial dans l'histoire de la sécurité au travail". Reste à savoir maintenant, si les condamnés feront face à leurs obligations. Les accusés peuvent en effet toujours faire appel, donnant lieu à une longue procédure pouvant repousser à très loin un jugement définitif.

Espoir pour les victimes françaises

Venus pour témoigner leur solidarité aux victimes italiennes, des membres d'associations françaises de victimes de l'amiante étaient aussi dans la foule, aujourd'hui à Turin. L'annonce du verdict renvoie inévitablement à la situation française, où aucun procès de l'amiante n'a pu aboutir. Et fait renaître l'espoir. L'avocat français, Jean-Paul Teissonnière, a annoncé qu'il demandera aux "autorités judiciaires en France d'en tirer les conséquences : pourquoi ce qui est possible en Italie n'est pas possible en France ?"

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