VIH et hépatites : 4700 patients à risque à cause de soins dentaires réalisés depuis 2006

Près de 5 000 patients des Hautes-Pyrénées sont invités à se faire dépister pour le VIH et les hépatites B et C. Du matériel mal stérilisé utilisé pour des soins dentaires réalisés il y a parfois plus de 15 ans les a exposé à un risque infectieux.

Alexis Llanos
Rédigé le , mis à jour le
Alerte : risque de contamination au VIH après des soins dentaires
Alerte : risque de contamination au VIH après des soins dentaires  —  Le Mag de la Santé - France 5

Depuis début octobre, dans les Hautes-Pyrénées, de nombreuses personnes ont reçu un courrier les invitant à réaliser un test de dépistage pour les hépatites B, C et le VIH. Leur point commun : elles ont toutes subi des soins dentaires dans les hôpitaux de Tarbes-Lourdes et Bagnères-de-Bigorre, certaines jusqu'à 17 ans plus tôt. Le risque de contamination viendrait d'un défaut de stérilisation du matériel médical utilisé pendant les soins.

"Pourquoi on est averti 17 ans après ?"

Dans les Hautes-Pyrénées, ce sont près de 4 700 patients qui seraient concernés. "Lors de votre venue, un matériel spécifique utilisé lors de vos soins a fait l'objet d'un défaut de stérilisation”, indique la lettre signée par Anne Ribeiro, la directrice des ressources humaines du centre hospitalier de Bigorre. “Ce défaut entraîne un risque extrêmement faible de transmission de la maladie infectieuse”. Les personnes concernées sont donc invitées à réaliser des tests pour dépister les hépatites B et C ainsi que le VIH.

Beaucoup se sont dits surpris et inquiets par ce courrier. "Ce qui m'interroge et m'a la plus surprise, c'est pourquoi, on est averti 17 ans après” confie à France 3 Occitanie Viviane, une habitante de Tarbes de 61 ans qui avait été soignée à l'hôpital en 2006. "Ça serait un an ou deux, je veux bien, mais depuis 2006...Comment s'en sont-ils rendu compte ? J'aimerais bien en avoir l'explication !"

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Un défaut de stérilisation

Le problème proviendrait d’un défaut de stérilisation de portes instruments rotatifs servant aux soins dentaires. Le constructeur avait indiqué qu’aller au bout du processus de stérilisation pouvait potentiellement abîmer l’appareil. Ils ont donc été stérilisés, “mais pas suffisamment”, précise à France 3 Occitanie, Séverine Lalanne, responsable qualité et de la gestion des risques de l'hôpital de Bagnères-de-Bigorre.

Dans cet établissement, une dentiste s’est rendu compte de ce problème et a alerté l’Agence régionale de santé (ARS). À défaut d’une date précise sur la première utilisation du dispositif, l’organisme a demandé au centre hospitalier de remonter jusqu'en 2006 (année de sortie de recommandations des bonnes pratiques de la Haute autorité de santé). Ils ont ensuite contacté tous les patients, “même si le risque est très faible, voire nul", indique Séverine Lalanne.

D’autres régions touchées

Les hôpitaux des Hautes-Pyrénées n’étaient pas les seuls à avoir reçu de mauvaises consignes de la part du constructeur. Dès février 2022, l’ARS de Normandie avait rendu public le rappel de patients d'un cabinet de dentiste du centre-ville de Rouen (Seine-Maritime).

En mai dernier, un défaut de stérilisation avait également touché les Hospices Civils de Lyon. Ceux-ci avaient envoyé un courrier similaire à 5 000 patients, pour les inviter à se faire dépister pour ces mêmes maladies infectieuses.

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