Sexo : les troubles sexuels, en augmentation chez les jeunes

Sous-estimés, les troubles sexuels sont plus fréquents chez les jeunes. Une prise en charge précoce permet de diminuer leur souffrance.

Dr Charlotte Tourmente
Dr Charlotte Tourmente
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Sexo : les troubles sexuels, en augmentation chez les jeunes

"Les troubles sexuels chez les jeunes sont sous-estimés", s'exclame le Dr Bou Jaoudé, sexologue et coordonnateur de la plate-forme de santé sexuelle Charles.co. Dans les  enquêtes de prévalence chez les hommes de moins de 30 ans, la dysfonction érectile est estimée à 10-15% des hommes, l'éjaculation prématurée entre 20 et 25% quel que soit l'âge, les problèmes de libido sont rares entre 5 à 10%. Mais les chiffres sont anciens, alors que dans l'enquête IFOP Les hommes et les problèmes d'érection, le grand tabou ?, de 2019, 33% des moins de 35 ans déclaraient avoir rencontré des difficultés d'érection ou des troubles du désir.

"Chez les femmes de moins de 30 ans, les troubles plus fréquents sont la baisse de libido, la douleur à la pénétration, et en troisième position les difficultés à avoir un orgasme", reprend le sexologue. Les douleurs à la pénétration répondent à des causes organiques ou parfois psychologiques comme le vaginisme, si elles surviennent lors de plusieurs rapports. Une consultation avec son gynécologue ou un généraliste permet de faire le point. 

L'angoisse de la performance

Chez les hommes comme chez les femmes, plusieurs facteurs sont en cause, dont le premier est l'extension de la performance au domaine sexuel. "Son impact est plus fort qu'avant", constate le Dr Bou Jaoudé. "Ce n'est pas tant lié au porno qu'au fait de se comparer à ce que l'on y voit. L'angoisse de performance chez les femmes est aussi plus élevée qu'avant, du fait des injonctions sexuelles très nombreuses. Elles se mettent la pression pour être à la hauteur mais une femme est capable d'avoir un premier et  un deuxième rapport, sans que les effets de la performances se voient, contrairement aux hommes avec l'érection..."

La sexualité féminine ayant beaucoup évolué en 30 ans, les femmes revendiquent davantage leur plaisir : "elles ne restent plus forcément avec un homme ayant un trouble sexuel et les hommes le sentent", estime le sexologue. "Elles ont plus de partenaires, ce qui ajoute à la performance ressenti par les hommes. Mais c'est à eux de s'adapter et surtout pas aux femmes d'arrêter de changer !"

Un climat anxiogène

Le contexte économique et environnemental est beaucoup plus instable qu'avant, contribuant à un climat précaire. "Les jeunes sont plus anxieux", regrette Gilbert Bou Jaoudé.

"L'anxiété est l'une des principales causes de la baisse de libido chez les femmes. La vie globale est plus anxiogène même si la sexualité est plus libérée. Les attentes des femmes ont changé mais cela ne suit pas chez leurs partenaires hommes. Cela bloque aussi la libido féminine par déception ou frustration".

Concernant les écrans, le sexologue est plus partagé, hésitant sur le fait qu'ils soient cause du trouble ou révélateur : "Les couples complices vont partager ce qu'ils voient, les couples qui perdent leur complicité ne le font pas et s'éloignent. On ne nous apprend hélas pas que le couple se travaille..."

Pourquoi pas une téléconsultation ?

La souffrance psychologique est très forte chez les jeunes souffrant d'un trouble sexuel car l'idée reçue comme quoi ils ne concernent que les personnes plus âgées est encore très marquée. Le Dr Bou Jaoudé recommande à ces jeunes de prendre conscience qu'ils sont loin d'être seuls à en souffrir et d'en parler à leur généraliste ou un spécialiste, ou en téléconsultation qui permet parfois de plus facilement de passer le cap.

"Ensuite, il faut prendre conscience que lorsque l'on a des problèmes sexuels jeune, dans la plupart des cas en l'absence de maladie chronique, c'est que l'on se met trop de pression, explique le médecin. Si l'on n'arrive pas tout seul à diminuer la pression, il faut consulter un professionnel." 

Des conseils concrets

Les difficultés d'érection ou d'éjaculation prématurée peuvent être améliorées par une thérapie ou un traitement. En cas de problème de libido chez les femmes, il conseille de ne pas chercher à s'occuper de sa libido mais d'elle : "le plus souvent, c'est que physiquement ou psychologiquement, elle ne va pas bien ou qu'il y a un problème dans la relation.Si l'orgasme est difficile à obtenir durant le rapport, dans la majorité des cas il n'y a pas de blocage psychologique, c'est juste que les stimulation du clitoris ne sont pas adaptées. Il faut le dire au partenaire pour qu'il ajuste sa façon de faire."

En conclusion, il ne faut pas hésiter à en parler à un professionnel de santé pour diminuer la souffrance et bénéficier d'une prise en charge.