Hémorroïdes : "La chirurgie doit être le dernier recours"

En cas de fortes crises hémorroïdaires, certains patients peuvent céder à la tentation d'en finir vite grâce à l'opération. Pourtant, dans la plupart des cas, le recours à la chirurgie n'est pas indispensable. Explications avec le Dr Laurent Abramowitz, gastroentérologue et proctologue.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Hémorroïdes : "La chirurgie doit être le dernier recours"
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  • Les gens qui souffrent de crises hémorroïdaires peuvent avoir le réflexe chirurgie, la solution radicale…

Laurent Abramowitz, proctologue : "C'est une erreur. Certes la chirurgie peut constituer une solution efficace et définitive. Mais elle ne saurait être un recours automatique. Ce n'est pas moi qui le dis, ce sont les recommandations internationales, qui s'appuient sur des centaines d'articles à travers le monde. Seuls 10 % des cas nécessitent d'en arriver là. Pour tous les autres, il existe des traitements tout à fait convaincants."

  • Quels sont les principaux traitements auxquels vous faites allusion ?

Laurent Abramowitz : "Un bon conseil peut souvent solutionner bien des problèmes. Les médecins doivent notamment dire des choses simples à leurs patients, comme éviter de pousser lorsqu'ils vont à la selle. La constipation et les diarrhées font le jeu des hémorroïdes. Et si ces recommandations ne suffisent pas à résoudre le problème, il est possible de prescrire des suppositoires, des pommades et divers médicaments."

  • Que faire lorsque malgré tous ces traitements, les hémorroïdes persistent ?

Laurent Abramowitz : "Les traitements instrumentaux prennent alors le relais. Je pense au traitement par infrarouge, qui consiste à brûler la muqueuse au-dessus des hémorroïdes dans le rectum pour remonter les paquets et stopper leur vascularisation. En cas d'échec, j'évoquerai la ligature élastique, dont le principe est également de remonter les hémorroïdes en créant une petite plaie dans la canal anal. Cette technique est extrêmement efficace. Avec tous ces recours, on règle déjà 90 % des cas !"

  • Inutile donc de se précipiter entre les mains d'un chirurgien ?

Laurent Abramowitz : "Evidemment. Ces traitements sont rapides, ne nécessitent pas d'hospitalisation et ne comportent quasiment aucun risque. La chirurgie est certes efficace lorsqu'elle est correctement pratiquée, mais l'intervention est naturellement beaucoup plus éprouvante pour le patient."

  • Êtes-vous surpris par le nombre de patients tentés par une opération ?

Laurent Abramowitz : "Beaucoup sont encore mal informés. Lorsqu'ils viennent nous voir en nous disant : "débarrassez-moi de mes hémorroïdes au plus vite, opérez-moi", c'est à nous de savoir d'abord les guider vers les autres traitements. Il est important de ne pas les laisser tomber dans certains pièges. Je pense par exemple à ceux qui souffrent d'une thrombose hémorroïdaire (grosses hémorroïdes qui gonflent soudainement). Une fois encore, malgré le caractère impressionnant de la crise, les traitements médicaux sont très efficaces."

 

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