Rentrée : l’école doit mieux s’adapter aux enfants en situation de handicap

Face à une prise en charge catastrophique des enfants en situation de handicap, la Défenseure des droits exhorte à un meilleur accompagnement par les établissements scolaires.

Muriel Kaiser
Muriel Kaiser
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Rentrée : l’école doit mieux s’adapter aux enfants en situation de handicap
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Les témoignages de parents d’élèves en situation de handicap sont consternants. Des enfants sont déscolarisés faute d’accueil approprié et certains parents se disent "épuisés par des appels quasi hebdomadaires de l'école" parce qu'il "serait préférable qu'ils gardent [leur enfant] à la maison"
 
Actuellement, 400 000 élèves en situation de handicap sont scolarisés en milieu ordinaire, soit une hausse de 19 % en cinq ans. Sur cette même période, l’Éducation nationale a recruté 35 % d’accompagnants d'élèves en situation de handicap (AESH) en plus, portant le nombre total à 125 000.   

De plus en plus de réclamations

Malgré cette augmentation, un décalage persiste "entre l'augmentation des moyens humains et financiers" et "le nombre grandissant d'enfants dont les besoins sont très largement non ou mal couverts", selon le rapport. En 2021, près de 20 % des saisines adressées à la Défenseure des Droits dans le domaine de droits de l'enfant concernent la scolarisation des enfants en situation de handicap.  

"Ce qui nous a frappés dans les réclamations reçues ces derniers mois et qui sont en augmentation, ce sont les attributions d'AESH qui ne sont pas appliquées faute de moyens financiers et humains", relève la Défenseure des Droits, Claire Hédon. "Or, les conséquences sont dramatiques pour l'enfant : non scolarisation, déscolarisation, ou très peu d'heures de cours", appuie-t-elle.  

Les enfants exclus du système scolaire

Un constat partagé par l’Unapei (Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis), qui dénonce dans un communiqué diffusé le 22 août : "Comment croire à la réalité du droit à l’Éducation en France, lorsque des élèves demeurent exclus du système scolaire ?". 
 
Sur les près de 8 000 enfants suivis par l’Unapei, 18 % n’ont aucune heure de scolarisation par semaine et 33 % ont entre 0 et 6 heures de scolarisation par semaine, alors qu’à l’école élémentaire, la durée moyenne de cours est de 24 heures par semaine.   

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Renforcer les moyens financiers

Alors, quelles sont les solutions ? L’Unapei tout comme la Défenseure des droits proposent plusieurs mesures pour favoriser la scolarisation des enfants en situation de handicap. Claire Hédon recommande tout d'abord "d'inscrire dans les budgets de chaque année scolaire une enveloppe prévisionnelle pour les demandes d'AESH en cours d'année", dont beaucoup sont refusées par les établissements scolaires faute de budget. 

Elle préconise aussi que les Maisons départementales des personnes handicapées (MDPH), qui notifient le besoin d'une AESH, se fondent exclusivement sur les besoins de l'enfant, et pas sur le manque de moyens de l'académie. 

De plus, certaines situations remontées à la Défenseure des Droits font apparaître que certains Pôles inclusifs d'accompagnement localisé (Pial), qui coordonnent les aides humaines, "font primer la gestion des ressources humaines sur la réponse aux besoins de l'enfant". 

Mieux former les AESH

Ensuite, les AESH, dans l’immense majorité des femmes,"ont besoin d'être formées aux différentes formes de handicap car on ne prend pas en charge de la même manière un enfant autiste et un élève dys", relève Claire Hédon. Leurs missions ne sont pas clairement définies et elles sont parfois peu intégrées aux équipes pédagogiques. 

Leur statut a été amélioré ces dernières années, mais les AESH travaillent toujours à temps partiel (24 heures par semaines) pour un salaire d’environ 800 €. 

Le rapport de Claire Hédon pointe en particulier les difficultés du temps périscolaire, comme la cantine, où les intervenants sont rémunérés par les collectivités locales. "Des AESH seraient partantes pour couvrir le temps périscolaire mais on affecte quelqu'un d'autre, car cela ne dépend pas du même budget et des mêmes acteurs", au détriment de "l'intérêt supérieur de l'enfant" qui a besoin de stabilité.   

À l'école de s'adapter, pas aux enfants

Plus généralement, la Défenseure des Droits souligne que le système éducatif doit s'adapter aux élèves en situation de handicap. Pour y arriver, il faut mieux former les enseignants à les prendre en charge, au lieu de compter uniquement sur les AESH. 

L'attribution d'un AESH n'est "ni un préalable, ni une condition à la scolarisation de l'élève", rappelle-t-elle.

Le rapport cite l'exemple d'un enseignant qui se trouvait face à un enfant ne parvenant pas à comprendre les consignes. Il a décidé d'adapter son enseignement à cet enfant et s'est aperçu que cela bénéficiait à l'ensemble des élèves. "C'est à l'école de s'adapter... Et ce que l'on voit, c'est qu'on demande à l'enfant de s'adapter à l'école", conclut Claire Hédon. 

Handicap à l'école : le rôle des accompagnants  —  Le Magazine de la Santé