Pédiatrie : le Collectif Inter-Hôpitaux alerte sur une situation "catastrophique"

Selon le Collectif Inter-Hôpitaux (CIH), les services de pédiatrie sont saturés et certains sont obligés de recourir au tri de patients. Une situation à risque pour les enfants malades, dont les nourrissons atteints de bronchiolite.

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Image d'illustration.  —  ©Simplylove

"Des enfants en situation d'urgence ne peuvent plus être pris en charge par les services compétents", dénonce ce 28 octobre le Collectif Inter-Hôpitaux (CIH). Il évoque un "tri" et une "perte de chance" pour les nourrissons atteints de bronchiolite, dans les services de pédiatrie

"Les difficultés que nous rencontrons actuellement sont totalement inédites", déclare Oanez Ackermann du service d'hépatologie pédiatrique du Centre hospitalier universitaire Bicêtre (AP-HP) dont 10 lits sur 24 sont aujourd'hui fermés.  

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Des jeunes patients triés

"En ce mois d'octobre, nous n'avons pas pu accueillir cinq enfants en situation d'urgence vitale" et avons dû annuler "25 hospitalisations programmées depuis plusieurs mois", déclare la docteure Ackermann lors d'une conférence de presse organisée par le CIH. 

"C'est du tri", martèle Véronique Hentgen, pédiatre au Centre hospitalier de Versailles, évoquant le report d'une chirurgie pour une infection ganglionnaire, la non hospitalisation d'un enfant nécessitant un électroencéphalogramme pendant 24 heures, d'un autre souffrant de douleurs articulaires ou encore l'impossibilité de poser des pompes à insuline "car il n'y a plus de place d'hospitalisation". 

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Des "conditions inéthiques"

Une situation d'autant plus "grave" pour Christophe Marguet, chef de service au CHU de Rouen, que "l'hôpital public est le seul recours en médecine pédiatrique".  

Lisa Ouss, pédopsychiatre à l'hôpital Necker-Enfants Malades, fait état de "conditions inéthiques, suscitant une charge mentale, une responsabilité terrible, qui ne suscitent pas de vocations et contribuent à éloigner de l'hôpital de jeunes praticiens". Laurent Rubinstein, infirmiers urgences et réanimation, dit arriver à l'hôpital "la boule au ventre car nous ne savons pas si nous sommes en nombre suffisant". 

Une perte de chance pour les nourrissons

"A terme, on constate une perte de chance pour l'enfant qui a besoin de soins, pour les parents confrontés à la maladie chronique, et un épuisement des soignants", indique Isabelle Desguerre, cheffe de service neuropédiatrie au CHU-Necker Enfants-Malades. 

"Nous sommes donc aujourd'hui à la croisée de deux chemins : soit le politique décide d'abandonner l'hôpital public, soit il prend enfin le problème à bras le corps et engage une réforme de fond (financement, recrutement, gouvernance) qui garantira un accès aux soins pour tous de qualité", juge Véronique Hentgen.