Le retour des infections hivernales inquiète les pédiatres

Bronchiolite, varicelle, coqueluche … Pour éviter de mettre à mal les hôpitaux, le Pr Robert Cohen appelle à surveiller attentivement les épidémies hivernales et à lever très progressivement les mesures barrières.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Le retour des infections hivernales inquiète les pédiatres
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Chaque hiver, presque aucun enfant n'y échappe, sauf en 2020, Covid oblige. Mais avec la fin des confinements et le relâchement des mesures barrières, les maladies infantiles sont de retour.

"D’habitude on voit passer 90 enfants par jour. La nuit dernière on en a eu 135", expliquait le 4 octobre la présidente de la Société Française de Pédiatrie Christelle Gras-Le Guen, cheffe du service de pédiatrie du CHU de Nantes, sur France Inter.

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Une "dette immunitaire"

Cette hausse peut s’expliquer par toutes les mesures mises en place pour freiner la propagation du Covid. Comme ces maladies se transmettent de la même façon, les enfants ne les ont pas attrapées. Le Pr Robert Cohen, pédiatre infectiologue, parle d’une "dette immunitaire". 

"Du fait des mesures barrières, les enfants n’ont pas contracté certains virus contre lesquels nous sommes tous immunisés, explique ce pédiatre. D’habitude, avant deux ans, 100% des enfants ont contracté le virus de la bronchiolite, de la gastro ou de la varicelle, ce qui les empêchait d’avoir ces maladies à l'âge adulte.

Attraper certaines de ces maladies plus tard présente un risque. C’est le cas de la varicelle. "250 000 enfants qui auraient dû avoir la varicelle cette année ne l’ont pas eue", explique le Pr Robert Cohen. 

Des conséquences sur les hôpitaux

Résultat : de nombreux enfants n’ont pas encore été infectés, donc immunisés, contre une "centaine de virus". Et le Pr Cohen craint que des épidémies de plus grande ampleur se déclarent à mesure que les gestes barrières sont abandonnés. 

L'autre crainte du Pr Cohen est que ces épidémies risquent de devenir plus imprévisibles. Habituellement, elles surviennent toujours à la même période. Par exemple, l’épidémie de bronchiolite a lieu entre novembre et janvier. "Mais cette année, prévient le Pr Cohen, ces épidémies pourraient se diffuser n’importe quand."

Conséquence : cela pourrait aggraver la situation des hôpitaux. "Certains hôpitaux sont déjà pleins, s’inquiète le Pr Cohen. Et nous avons déjà dû déclencher un plan blanc et déplacer des enfants durant les épidémies habituelles de bronchiolite", rappelle-t-il.  

Comment limiter les dégâts ?

Selon le Pr Cohen, cette "dette immunitaire" était inévitable pour lutter contre le Covid. Mais "les infections respiratoires permettaient de stimuler le système immunitaire des enfants", précise-t-il. Pour éviter au maximum des épidémies de plus grande ampleur, ce pédiatre infectiologue préconise de lever de manière très progressive les mesures barrières. 

"On a un moyen de limiter les conséquences en maintenant les gestes barrières, en surveillant bien les épidémies et en adaptant les mesures selon les épidémies les plus actives", explique-t-il. 

Vacciner contre les autres maladies

Pour le Pr Robert Cohen, il est indispensable de vacciner les enfants contre toutes les infections pour lesquelles on dispose d’un vaccin. C'est le cas de la varicelle, ou des maladies plus graves comme la méningite, la coqueluche ou les virus responsables des pneumonies. "La plupart de ces vaccins sont d’ailleurs déjà recommandés dans le calendrier vaccinal", glisse-t-il.

D’après ce médecin, une couverture vaccinale très élevée contre toutes ces infections va permettre d'éviter des rebonds épidémiques.