Pourquoi l'épidémie de bronchiolite est très inquiétante cette année ?

De nombreuses infections virales circulent mais généralement ces infections se manifestent un peu plus tard. Les enfants sont particulièrement touchés par ces infections, notamment par la bronchiolite, en avance aussi cette année.

Camille Leclercq
Rédigé le , mis à jour le

Mohammed n’est pas dans une forme olympique, il souffre notamment d’une gêne respiratoire. Cet après-midi, sa maman a donc décidé de l’emmener aux urgences pédiatriques.  

"Il ne veut plus prendre le biberon, il ne mange plus les aliments solides et il a du mal à respirer, du coup il ne veut pas dormir", explique Siham Elkarbadji, sa maman.

Une gêne respiratoire

Un autre symptôme a alerté cette maman avec la température élevée de son bébé. Elle a grimpé jusqu’à près de 39 degrés. Lorsque le médecin écoute les poumons du nourrisson, les signes d’une gêne respiratoire sont bien identifiables.  

La bronchiolite est une infection des petites bronches causée par un virus. Mohammed n’est pas un cas isolé aux urgences de Versailles.

"En ce moment on voit beaucoup et de manière plus importante, des pathologies respiratoires. On a l’impression que l’épidémie, celle qu'on vivait en automne et en hiver est un peu plus avancée," commente le Dr Oussama Charara, pédiatre au centre hospitalier de Versailles.

Des ennemis jamais rencontrés !

Les virus hivernaux n’ont rien d’exceptionnel, ils sont très fréquents chez les enfants. Pendant près d’un an et demi, la Covid et les gestes barrières empêchaient leur circulation. Les plus petits n’ont pas été contaminés. Leur système immunitaire n’a donc jamais rencontré ces ennemis.

"Ce qu'on craint depuis déjà quelques mois c’est qu'on puisse payer le prix de cette dette immunitaire. Les virus qui n’ont pas circulé et qui n’ont pas infecté les enfants pendant l’année qui a précédé vont davantage toucher les enfants susceptibles. Leur système immunitaire est vierge de cette stimulation immunitaire virale et ce sont des enfants, qui cette année, ont entre un et deux ans. Le nombre d’infections respiratoires chez ces enfants risque de se cumuler aux petits de la première année de vie," confie le Dr Marie-Aliette Dommergues, pédiatre-infectiologue au centre hospitalier de Versailles.

La peur de la saturation des services

À Versailles, le service de pédiatrie se remplit. Ce jour-là sur 19 lits, 14 sont occupés par des enfants atteints de pathologies respiratoires avec de l’asthme sévère ou des bronchiolites, chez les tout-petits. Il n'y a pas d’inquiétude quant à la gravité des cas mais les équipes craignent surtout la saturation du service.  

"Le service effectivement est plein. Tous les services de pédiatrie d’Île-de-France sont pleins. Cette semaine on a transféré quatre enfants en réanimation, les services de réanimation pédiatrique aussi donc c’est d’emblée intense et inquiétant pour la suite de l’hiver," explique le Dr Anne-Laure Bonnel, pneumo-pédiatre au centre hospitalier de Versailles.

Avant la pandémie, la bronchiolite touchait plus de 30% des nourrissons chaque année. Cet hiver, l’épidémie pourrait être de plus grande ampleur, mais ce scénario reste encore hypothétique.