Un nouveau traitement préventif efficace contre le VIH

Une injection tous les deux mois d’un traitement préventif contre le virus de Sida serait encore plus efficace que les comprimés quotidiens de PrEP, selon les instituts américains de santé (NIH).

La rédaction d'Allo Docteurs
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Image d'illustration.  —  Crédits Photo : © Shutterstock / Billion Photos

Il s’appelle le cabotegravir. Ce médicament permet de prévenir la contamination par le virus du Sida, le VIH, encore plus efficacement que la PrEP, ont annoncé le 18 mai 2020 les Instituts américains de santé (NIH). Et ce avec un mode d’emploi simple : au lieu de prendre un comprimé tous les jours comme dans le cas de la PrEP, une injection toutes les huit semaines (soit tous les deux mois) suffit pour le cabotegravir.

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Une méthode moins contraignante que la PrEP

Actuellement, la PrEP, pour "prophylaxie pré-exposition", est le seul médicament préventif homologué. Il est commercialisé sous les noms de Truvada et Descovy. Les personnes à haut risque de contamination mais n'ayant pas le VIH doivent le prendre tous les jours. Leur risque d’être infectées lors de rapports non protégés est alors réduit de 99%, selon les Centres de prévention des maladies américains (CDC). Mais la prise quotidienne du comprimé est considérée comme un obstacle possible, d'où les recherches sur une méthode moins contraignante, notamment par injection.

Une efficacité supérieure de 69% à celle de la PrEP

L’annonce de l’efficacité du cabotegravir accompagne les résultats préliminaires d'un grand essai clinique lancé il y a plus de trois ans dans sept pays dont les Etats-Unis, le Brésil, la Thaïlande et l'Afrique du Sud.
Cet essai a été mené auprès 4.500 personnes parmi les groupes les plus à risque de contracter le VIH, à savoir des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes ainsi que de femmes transgenres, la plupart de moins de 30 ans. La moitié des participants a reçu une injection tous les deux mois du cabotegravir, avec des comprimés placebo de PrEP. L'autre moitié a reçu une injection placebo et de vrais comprimés PrEP. Tous les participants étaient donc traités par une méthode ou une autre.

Résultat : 50 participants ont tout de même été contaminés par le VIH pendant la durée de l’essai, mais de façon inégale : 12 dans le groupe cabotegravir et 38 dans le groupe Truvada. Qu’est-ce que cela signifie ? Que l’injection possède une efficacité supérieure de 69% à celle du Truvada, pourtant déjà considéré comme un pilier des politiques de prévention.

Protéger "les populations les plus démesurément frappées par le VIH "

Devant ces résultats très positifs, les responsables de l'essai clinique ont mis fin prématurément à l'essai en aveugle afin que tous les participants puissent bénéficier de la méthode la plus efficace, l'injection.

"Nous sommes très satisfaits des résultats" a déclaré Kimberly Smith, directrice de la recherche et du développement chez ViiV Healthcare (groupe GSK), laboratoire à l’origine de ce médicament. "Non seulement en raison de la forte efficacité du cabotegravir, a-t-elle ajouté, mais aussi car nous avons démontré la haute efficacité dans une étude qui représente de façon adéquate les populations les plus démesurément frappées par le VIH : les MSM (hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes) noirs aux États-Unis, les jeunes MSM partout dans le monde, les femmes transgenres."
Un essai pour évaluer l’efficacité du cabotegravir sur les femmes à haut risque de contamination est également en cours.