Surpoids et obésité, des facteurs aggravants du Covid-19 ?

Plus de 80% des patients admis en réanimation en France seraient en surpoids ou obèses. Une observation qui interroge sur le risque accru de complications du coronavirus chez cette population.

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le
Surpoids et obésité, des facteurs aggravants du Covid-19 ?
Crédits Photo : © Shutterstock / Motortion Films

"83% des patients en réanimation en France sont en surpoids ou obèses", selon les premières données d’un registre national consulté par le journal Le Monde et qui contient pour le moment les données de santé de 2 000 malades pris en charge dans 195 services de réanimation.
Les 15% de personnes obèses en France pourraient donc avoir plus de risques à la fois de contracter le Covid-19 et de développer des formes sévères de la maladie. Pour le Haut conseil de santé publique (HCSP), un indice de masse corporelle (IMC)  supérieur à 40 figurent parmi les conditions cliniques ou thérapeutiques favorisant l’évolution péjorative de l’infection.

A lire aussi : Coronavirus : êtes-vous un patient à risque ?

Un IMC élevé dans les services de réanimation

Mais le risque accru pourrait commencer pour des IMC inférieur à 40, qui correspond au stade de l’obésité "morbide". Les données sur le sujet sont encore rares même si plusieurs rapports et études vont dans le sens du registre national français et mettent en évidence un IMC moyen élevé chez les personnes en réanimation.

C’est notamment le cas d’une étude publiée le 30 mars 2020 dans le New England Journal of Medicine (NEJM) portant sur un petit groupe de 24 patients hospitalisés dans la région de Seattle aux Etats-Unis. Dans cette population, l’IMC moyen des patients suivis était de 33, quand l’IMC "normal" se situe entre 18 et 25.

Au Royaume-Uni, également, un rapport de l’Intensive Care National Audit and Research Centre de Londres publié le 20 mars montre que sur 177 patients admis en soins intensifs, 71,8% étaient en surpoids ou obèse, c’est-à-dire avec un IMC supérieur à 25.

Quand surpoids rime avec diabète et hypertension

Mais comment expliquer ces observations ? Une première explication porte sur les maladies qui accompagnent souvent un surpoids et une obésité : le diabète et l’hypertension. Les personnes qui souffrent d’hypertension artérielle sont en effet plus à risque de complications car elles se dégradent plus souvent en cas d’infection et "résistent moins à une charge virale élevée", expliquait le docteur Guez, cardiologue, à Allodocteurs.fr. Même risque accru pour les patients diabétiques qui présentent une atteinte des vaisseaux, une complication habituelle du diabète.

Une moins bonne ventilation des poumons

Autre piste évoquée par le docteur Frédéric Adnet, chef du service des urgences SAMU 93 à l'hôpital Avicennes à Bobigny, invité du Magazine de la Santé le 8 avril : celle d’une difficulté respiratoire chronique chez les personnes en surpoids. "Lorsqu’on est en surpoids, souvent le diaphragme n’a pas une course optimale pour bien favoriser la ventilation des poumons" expliquait-il. Or "la forme grave du covid 19 est une maladie pulmonaire, qui empêche les poumons de bien ventiler. Et le surpoids avec le diaphragme qui a une course moins importante n’arrange pas les choses" détaille-t-il.

La piste d’un "état inflammatoire"

Une dernière piste explicative détaillée dans les colonnes du Monde par le professeur Jean-Michel Oppert, qui dirige le service de nutrition de la Pitié-Salpêtrière (AP-HP) est celle d’un état inflammatoire "à bas bruit" chez les patients obèses et d’un "déficit immunitaire chronique". Des facteurs "délétères" en cas d’infections virales respiratoires comme le Covid-19, selon le professeur.

Suivre "strictement" les mesures barrières et le confinement

Les médecins ne savent pas encore si le surpoids et les maladies associées peuvent à eux seuls expliquer les décès des patients jeunes. Des études supplémentaires seront donc nécessaires pour comprendre le rôle du surpoids dans l’épidémie de coronavirus.

En attendant, l’Association Française d’Etude et de Recherche sur l’Obésité (Afero), dans un document daté du 22 mars, incite "les personnes présentant une obésité ainsi que leur entourage proche" à suivre "strictement" les "mesures barrières et de confinement".
D’autant que "la prise en charge en réanimation des personnes en situation d’obésité, quelle que soit la pathologie, pose des problèmes spécifiques" que ce soit "pour l’intubation, les voies d’accès, le dosage des médicaments, le nursing" déplore encore l’Afero.