Confinement : augmentation inquiétante du nombre de maladies psychiatriques

Rupture de traitement, anxiété, idées suicidaires... Depuis ces dernières semaines, des patients en très grande détresse psychiatrique sont pris en charge à l'hôpital. Les médecins craignent d’être débordés.  

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

A son arrivée à l’hôpital psychiatrique il y a quinze jours, la jeune femme était incapable de discuter calmement. Insomnies, propos délirants, gestes agressifs… son état a nécessité une hospitalisation immédiate. Le Dr Fayçal Mouaffak, psychiatre à l’ établissement public de santé Ville-Evrard / Saint-Denis (93), explique : “C’est une patiente qu’on ne connaissait pas. C’est un premier épisode psychotique, et on a beaucoup de patients qui sont arrivés dans le service pendant la période du confinement et dans les jours qui ont suivi la levée du confinement”.

Manque de lits en psychiatrie 

Ces deux dernières semaines, les cas de psychose aigue ont triplé. Il s’agit souvent de patients sans antécédent, mais aussi des malades déjà connus et stabilisés, qui ont rechuté pendant le confinement. Tous nécessitent des soins urgents et le service du Dr Mouaffak n’arrive plus à faire face. 

“On essaie de faire sortir des patients, parfois prématurément, pour en accueillir d’autres. On essaie de négocier des poursuites de prise en charge avec des structures de type clinique ou d’autres établissements. Mais, ça ne peut pas tenir”. 

Cette tension sur les lits de psychiatrie se répercute sur les services d’urgence, contraints de garder les patients en attendant qu’une place se libère. Selon le Dr Mathias Wargon, chef du service des urgences à l’hôpital Delafontaine / Saint-Denis (93), “habituellement, on reçoit jusqu’à 3 ou 4 patients graves de psychiatrie. Il y a des jours où on en avait une douzaine. Les patients attendent aux urgences soit assis sur des chaises, soit sur des brancards. Ils sont attachés sur des brancards. Ils sont sédatés, c’est-à-dire endormis. Ils peuvent attendre jusqu’à deux à trois jours sur des brancards.  Ces patients-là devraient être dans des chambres dans des hôpitaux psychiatriques”. 

Des patients bloqués aux urgences  

L’attente aux urgences peut s’avérer dangereuse pour les patients psychotiques. Ils risquent une dégradation brutale de leur état psychiatrique, une chute liée à la contention sur un brancard inadapté, voire un arrêt cardiaque provoqué par un excès de narcoleptiques.