Covid : la France mise sur un "confinement aéré"

De nouvelles mesures de confinement sont mises en place dans 16 départements pour au moins un mois. Ces restrictions associées aux effets de la vaccination devraient permettre de freiner l’épidémie d’ici quatre à six semaines.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Image d'illustration.  —  Crédits Photo : © Shutterstock / Elena Dijour

"Freiner le virus sans nous enfermer." C’est le nouveau mot d’ordre prononcé par le Premier ministre Jean Castex, qui a annoncé le 18 mars au soir un nouveau confinement pour 16 départements. Les huit départements d'Ile-de-France, les cinq départements des Hauts-de-France ainsi que la Seine-Maritime, l'Eure, et les Alpes-Maritimes vont ainsi appliquer de nouvelles "mesures de freinage massif".

21 millions de personnes, soit un tiers des Français, sont ainsi concernés par ces mesures qui dureront "quatre semaines" et pourront être étendues "à d'autres parties du territoire" selon l'évolution du virus, a prévenu Jean Castex. Enfin, sur l’ensemble du territoire, le couvre-feu est repoussé d'une heure et passe donc à 19h en métropole.

Se croiser en extérieur seulement

En pratique, les habitants des départements confinés ne pourront sortir de chez eux que "dans un rayon limité à 10 kilomètres", avec une attestation, "sans aucune limitation de durée".

Ils pourront "croiser des personnes qui ne sont pas de (leur) foyer" dehors, mais pas les retrouver en intérieur, car le risque de contamination est plus élevé dans les espaces clos.

Les déplacements interrégionaux seront "interdits, sauf motifs impérieux ou professionnels". Les écoles et collèges resteront ouverts normalement mais les lycées basculeront tous en "demi-jauge".

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Fermeture des commerces et télétravail

Afin de "réduire les occasions de contacts dans les lieux clos", les commerces non-essentiels devront baisser le rideau. Mais les librairies, disquaires et coiffeurs seront ouverts.

Pour la même raison, "toutes les entreprises et administrations qui le peuvent" devront pousser "au maximum" le télétravail pour le mettre en place "au moins quatre jours sur cinq", a dit M. Castex.

Un "bon compromis"

Ces mesures ont toutes été prises car la situation sanitaire se dégrade, comme le redoutaient plusieurs épidémiologistes. La France a ainsi enregistré le 18 mars près de 35.000 nouveaux cas de covid-19 en 24 heures, et la pression sur les services de réanimation est repartie à la hausse, avec 4.246 malades dont plus d’un quart en Ile-de-France.

Pour la professeure Karine Lacombe, infectiologue et cheffe de service à l’hôpital Saint-Antoine de Paris invitée de France Inter ce 19 mars, "c’était la bonne décision à prendre". Et même si ce confinement n’est pas un confinement strict, "c’est probablement un bon compromis entre les contraintes sanitaires et les contraintes sociales et économiques" reconnaît-elle.

"Vrai appel à la responsabilité"

Le professeur Jean-Michel Constantin, chef de service anesthésie-réanimation à l’Hôpital Pitié-Salpêtrière (AP-HP) également invité de France Inter, parle de "confinement aéré".

Selon lui, "sur un point de vue purement hospitalier un confinement dur aurait été plus intéressant, mais si on veut que ce soit respecté le compromis est assez intelligent". Pour ce spécialiste, il s’agit ici d’un "vrai appel à la responsabilité de tout le monde, et à l'ensemble des autres départements".

"La promesse du vaccin"

Et une différence de taille oppose ce confinement aux deux premiers : la vaccination. Comme l’explique la professeure Lacombe, "ce confinement seul ne permettrait probablement pas de juguler l’épidémie mais la promesse du vaccin va tout changer".

Les effets combinés de cette vaccination et des nouvelles restrictions devraient se voir d’ici quatre à six semaines, estiment les deux spécialistes. Et pour la professeur Karine Lacombe il pourrait même s’agir du "dernier confinement", grâce à l’efficacité des vaccins.