Cancer du sein : une radiothérapie innovante au bloc opératoire

Le diagnostic de cancer à un stade précoce change radicalement les traitements et les chances de succès. Un nouvel appareil de radiothérapie au bloc opératoire peut même permettre d’éviter des séances après l’intervention.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Ce bloc opératoire est aussi une salle de radiothérapie grâce à un prototype en cours d’évaluation au Centre Antoine Lacassagne de Nice. Un nouveau dispositif capable de réaliser une stratégie de traitement local très rapide de certaines tumeurs du sein.

"Le risque de récidive locale de la maladie est extrêmement faible"

Le docteur Yann Delpech, chirurgien du sein au Centre Antoine Lacassagne, explique le fonctionnement de cette technique : « On ne peut la proposer que lorsqu’il y a un certain nombre de critères dits de bon pronostic pour faire une radiothérapie peropératoire. L’un des critères est l’âge : il faut que les malades aient plus de 55 ans et plus de 60 ans idéalement, il faut que la lésion fasse moins de 20 mm, il faut que ce soit une tumeur dite peu proliférante avec un grade faible. Donc tous ces critères font que le risque de récidive locale de la maladie est extrêmement faible. »

Lorsqu'il extrait la tumeur, le chirurgien veille à conserver des marges de sécurité. Il met en place un fil pour rapprocher les tissus à traiter de la sonde de radiothérapie. L'objectif est de bien délimiter la zone de traitement pour éviter de laisser en place des cellules cancéreuses. La radiothérapie cible ainsi la loge où se trouvait la tumeur et l'applicateur est directement positionné à l'intérieur du sein, au contact de la glande saine.

Les dimensions de l'applicateur sont choisies par un radiothérapeute, le docteur Daniel Lam Cham Kee, qui vient seconder le chirurgien au bloc opératoire : « On doit prendre la taille de la tumeur plus au moins 1 cm autour. Ce qui fait qu’elle mesure 12 mm, avec 1 cm à gauche et à droite, il faut au moins 3 cm. »

La moindre cellule malade doit être détruite

Juste avant de placer l’applicateur, le chirurgien insère des petits capteurs pour contrôler la dose exacte de rayons reçue par les tissus où la moindre cellule malade doit être détruite.  

Dès que l’équipe médicale est sortie du bloc opératoire, la dose programmée est délivrée en 41 secondes. Cette dose de 20 grays, délivrée en une fois, vient remplacer celle de 2 grays par jour, sur une durée de 5 semaines, qui intervient dans un traitement habituel de radiothérapie. Le docteur Daniel Lam Cham Kee précise : « en radiothérapie externe classique on fait des petites doses tous les jours pour permettre aux tissus sains de récupérer. Et cette fois-ci vous voyez qu’on a calculé 10 fois la dose. On peut se le permettre parce que c’est un petit volume et le reste de la glande mammaire ne prend pas cette dose très importante. »

Un bénéfice considérable pour les patientes

Jusqu’à aujourd’hui, toutes les patientes traitées avec cette technique de radiothérapie peropératoire ont eu des suites post-opératoires exactement similaires à celles qui n’avaient pas eu de radiothérapie. Cette absence de complications est au cœur de l’évaluation de ce prototype. En effet, des machines permettent déjà de faire des radiothérapies au bloc opératoire mais en 30 à 45 minutes. Diviser la durée de traitement par dix peut faciliter le développement de cette stratégie en réduisant son coût.

Et le bénéfice est surtout considérable pour les patientes concernées. Si l’analyse des prélèvements réalisés au bloc ne révèle pas une diffusion plus importante de la maladie, elles évitent la vingtaine de séances quotidiennes de radiothérapie post opératoire.

Lorsque le protocole en cours sera terminé, l’équipe médicale espère que les autorités sanitaires valideront cette stratégie de traitement beaucoup moins lourde pour des patientes dont le cancer a été dépisté précocément.