La protonthérapie, un traitement plus ciblé que la radiothérapie

Cette technique innovante permet de traiter les tumeurs difficiles à opérer. Moins invasive que la radiothérapie, la protonthérapie limite les effets secondaires et les risques de complications. Reportage.

Géraldine Zamansky
Rédigé le , mis à jour le
Protonthérapie : une technique ultra-ciblée contre le cancer
Protonthérapie : une technique ultra-ciblée contre le cancer  —  Le Magazine de la Santé

Guy a choisi sa musique. Il va devoir passer plus d’une demi-heure sous un grand masque moulé spécialement pour lui. L’objectif est de l’aider à rester immobile pendant le traitement de sa tumeur située au niveau de la gorge.

C'est un traitement par protonthérapie, une technologie plus récente que la radiothérapie.  

Un traitement de précision

"La radiothérapie classique permet de brûler la tumeur, la protonthérapie a le même but mais ce sont des particules différentes qui ont l’avantage de s’arrêter net une fois la cible atteinte. La protonthérapie pourra donc bien irradier la cible en préservant les tissus sains. Le but est vraiment d’être le plus précis possible", explique le Dr Jérôme Doyen, oncologue radiothérapeute au centre Antoine Lacassagne de Nice. 

Les protons sont envoyés en faisceaux exactement sur le volume de la tumeur. Un traitement calculé au millimètre près.

Pour être sûr qu’il atteint bien sa cible, un scanner complet en 3 dimensions est réalisé avant chaque séance. C’est unique en France et cela permet de contrôler toutes les zones traversées par les protons.  

"Il y a un faisceau qui arrive pour traiter cette lésion ici et qui traverse un petit peu les sinus. Grâce au scanner, on peut vérifier tous les jours que ce sinus reste bien vide. S’il se remplit, le faisceau va être un peu stoppé, la dose ne va pas arriver à l'atteindre, elle va s’arrêter un petit peu avant", commente le Dr Jérôme Doyen.

Des complications à long terme diminuées

Il faut bien détruire la tumeur tout en préservant autour la langue et les muscles qui permettent d’avaler.
Le risque serait un arrêt de l’alimentation et donc une fatigue qui empêcherait Guy d’enchaîner encore plus de 20 séances de protonthérapie et deux sessions de chimiothérapie.   

"Je n'ai pas de douleur, je mange comme avant, pas de douleur à la déglutition. C'est plutôt rassurant car pour le moment je n'ai pas d'effets indésirables. A la douzième séance, tout va bien", précise Guy.

L’enjeu des effets secondaires est aussi majeur à très long terme. C’est pour ça que David qui a 24 ans, est venu de la Réunion pour être débarrassé d’une masse anormale au niveau de sa nuque.   

"C'est une lésion bénigne, pas facilement opérable. Elle est un peu mal placée car elle se trouve à côté de la moelle épinière qui contrôle les mouvements, mais on peut la traiter en protonthérapie car le patient est jeune. Il a une très grande espérance de vie, du coup les complications à long terme sont diminuées grâce à l'utilisation des protons"
, précise le Dr Jérôme Doyen.

David est à la moitié de son parcours, dans deux semaines, il va pouvoir rentrer chez lui.