Infertilité : pourquoi la concentration en spermatozoïdes baisse partout dans le monde

La concentration en spermatozoïdes semble diminuer à l’échelle mondiale, alerte une vaste étude. Ce déclin s’expliquerait par l’obésité, la pollution, le manque d’activité physique et l’exposition à des produits chimiques.

Mathieu Pourvendier avec AFP
Rédigé le , mis à jour le
Les hommes de moins en moins fertiles
Les hommes de moins en moins fertiles  —  Le Mag de la Santé - France 5


Depuis le 15 novembre, nous sommes 8 milliards sur terre. Mais à quelle évolution démographique faut-il s'attendre si l’infertilité masculine augmente partout dans le monde ?  Une vaste étude publiée le même jour avance en effet que la concentration en spermatozoïdes, l'un des facteurs de la fertilité masculine, a nettement baissé à travers toute la planète au cours des dernières décennies.      

"La concentration en spermatozoïdes a sensiblement diminué entre 1973 et 2018", résument les auteurs de ce travail, paru dans la revue Human Reproduction Update et réalisé en compilant une quarantaine d'études préalables.

Ampleur sans précédent

Cette publication est d'une ampleur sans précédent sur le sujet, même si elle vient confirmer les conclusions d'une précédente étude de la même équipe, emmenée par l'épidémiologiste israélien Hagai Levine. Celle-ci, publiée en 2017, avait fait l'objet de plusieurs critiques, notamment parce que ses conclusions ne concernaient que certains pays appartenant tous au monde occidental.      

Cette fois, après avoir intégré davantage de données, les auteurs sont en mesure de conclure que la tendance à la baisse concerne aussi l'Amérique du Sud, l'Asie et l'Afrique.      

Un déclin sur un rythme accéléré

"De plus, les données laissent penser que ce déclin mondial se poursuit à un rythme accéléré depuis le début du XXIe siècle", écrivent-ils.      

La quantité de spermatozoïdes est l'un des facteurs qui jouent sur la fertilité masculine, mais il n'est pas le seul. Leur mobilité a aussi un rôle crucial, qui n'est pas mesuré par cette étude.      

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Quelles causes au déclin de la fertilité ?

Celle-ci ne permet donc pas de conclure à un déclin général de la fertilité masculine, même si elle apporte des éléments dans ce sens et s'inscrit aux côtés d'autres travaux qui ont plutôt étudié les causes de cette tendance.

Les spécialistes soupçonnent ainsi "des raisons telles que l'obésité, un manque d'activité physique, la pollution et l'exposition à des produits chimiques dans l'environnement", a rappelé l'endocrinologue Channa Jayasena. Cet expert de l'Imperial College, qui n'a pas participé à l'étude et s'exprimait auprès du Science Media Center britannique, a salué en l'occurrence un travail "important".     

Des conclusions à nuancer ?

D'autres chercheurs, déjà sceptiques quant à l'étude de 2017, ont nuancé les conclusions de cette nouvelle publication, estimant qu'elle ne résolvait pas toutes les insuffisances reprochées à la précédente.     

"Je continue à douter de la qualité des études, en particulier les plus anciennes, (...) sur lesquelles se base cette nouvelle analyse", a déclaré à l'AFP l'andrologue Allan Pacey, sans remettre en cause la manière dont les auteurs ont mené leur compilation. Selon lui, l'évolution du taux de spermatozoïdes pourrait en réalité refléter des techniques de plus en plus fiables de mesure, et non la réalité elle-même.

En France, un rapport sur les causes de l’infertilité remis au ministère de la Santé en février dernier dévoile tout de même qu’un couple sur quatre en âge de procréer est touché par l’infertilité. Selon l’étude, 3,5 millions de Français seraient infertiles. Un sujet qui devient "un enjeu de santé publique" d’après le rapport.     

Connaître l'origine de l'infertilité masculine
Connaître l'origine de l'infertilité masculine  —  Le Magazine de la Santé - France 5