Cancers pédiatriques de Sainte-Pazanne : "Nous voulons que l'enquête soit reprise à zéro"

Une réunion publique s'est tenue jeudi 4 avril à Sainte-Pazanne, où douze cas de cancers pédiatriques ont été recensés ces dernières années. Les autorités sanitaires ont assuré qu'aucune piste ne serait écartée.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Dans la région de Sainte-Pazanne, en Loire-Atlantique, les habitants comptent au moins 12 cas de cancers pédiatriques en quatre ans, dont trois décès. L’Agence Régionale de Santé (ARS) Pays-de-la-Loire a demandé à Santé publique France d’ouvrir une enquête pour comprendre cet "excès de cas" de cancers chez les enfants.

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Le 4 avril 2019, une réunion publique avec les autorités de santé s’est tenue dans une salle communale de Sainte-Pazanne. "Cette réunion s’est déroulée dans une ambiance assez sereine malgré la colère et les nombreuses interrogations de certains participants" nous confie Séverine Ragot, membre du Collectif "Stop aux cancers de nos enfants" et mère d’Elouan, jeune garçon décédé d’un lymphome en mai 2018 à l’âge de 12 ans. "Certaines personnes attendaient des réponses plus concrètes, mais avec le Collectif, nous attendions avant tout une réponse à notre alerte, et cette réponse est bien présente aujourd’hui" ajoute-t-elle.

Lignes à haute tension, pollution de l'eau ou de l'air, radon...

Dans cette commune et aux alentours, tous se posent la même question : "Qu'est-ce qui peut faire que nos enfants tombent malades ?" Et c’est notamment à cette interrogation que l’enquête ouverte le 29 mars dernier devra tenter de répondre. Pour l’heure, plusieurs hypothèses sont évoquées : les lignes à haute tension, les ondes des téléphones, les pesticides, le stress, une pollution des nappes phréatiques et des sols aux hydrocarbures, une pollution de l’air au benzène ou encore la présence de radon, un gaz naturel présent dans la région.

"On recherche s'il y a une cause commune qui explique ce regroupement, pour voir s'il faut mettre la population à l'abri", a souligné Bertrand Gagnière, épidémiologiste et membre de Santé publique France lors de la réunion publique, pointant ainsi la problématique centrale de l'étude.
"Nous n'excluons rien, nous n'écartons aucune piste, mais si nous voulons trouver une cause, nous ne pourrons pas avoir un périmètre et un nombre de cas trop grands", a-t-il ajouté. En effet, à ce jour, les experts ne savent pas encore "sur quel périmètre et sur quel nombre de cas" leurs travaux s’appuieront, comment l’a expliqué Thierry Le Guen, médecin à l'ARS des Pays-de-la-Loire.

De son côté, Séverine Ragot reste "extrêmement vigilante à ce qui va être entrepris" assure-t-elle. "Avec les autres membres du Collectif, nous attendons des travaux de terrain concrets et des investigations. Nous ne nous contenterons pas de vieilles études, nous voulons que l’enquête soit reprise à zéro."

Ne pas céder à la panique

Les premiers résultats de l’enquête de Santé publique France devraient être communiqués d’ici six mois, à l'automne 2019. Mais en attendant, l’inquiétude des parents est palpable et nombreux sont ceux qui se demandent s’il existe un principe de précaution. Sur ce point, l'ARS a appelé à ne pas céder à la panique. "Je ne vais pas raconter de bobards, il est possible qu'il n'y ait aucun risque, il est possible qu'il y en ait un, je ne sais pas répondre à cette question", a reconnu Thierry Le Guen.

Mais il n'y a "aucune indication à faire une prise de sang à tous les enfants pour diagnostiquer la maladie", selon la docteure Caroline Thomas, pédiatre oncologue au CHU Nantes, qui préconise d'abord une consultation chez le médecin en cas de signes d'alerte.

Dans les jours et les semaines à venir, l’objectif premier des membres du Collectif est de récupérer pour mieux poursuivre leurs actions. "Nous avons eu une semaine extrêmement difficile. Nous avons besoin de nous retrouver et de travailler de notre côté en menant notre propre enquête" témoigne Séverine Ragot. Pour le moment, aucune prochaine réunion publique n’a été programmée.