Des injections de plasma riche en plaquettes pour traiter les troubles de l'érection

Parmi les médicaments à la rescousse, un nouveau protocole a vu le jour dans certains hôpitaux et cabinets d’urologie. Les injections de PRP (plasma riche en plaquettes), une substance issue du propre sang du patient est maintenant possible.

Maroussia Renard
Rédigé le
Troubles de l'érection  —  Magazine de la Santé - France 5

A 59 ans, ce patient semble retrouver une sexualité satisfaisante après des années marquées par des troubles de l’érection

"Mes problèmes d’érection faisaient que j’avais une perte de virilité, de confiance… Comme ma femme voyait que les pannes étaient de plus en plus fréquentes, elle se posait des questions sur sa séduction, c’est quand même perturbant aussi pour la femme", explique ce patient.

Des plaquettes issues du sang du patient

Cette dysfonction érectile est apparue il y a 8 ans. C’est une conséquence du vieillissement normal de l’appareil génital masculin. 

"En vieillissant, on peut avoir des problématiques au niveau du tissu caverneux, que j’appelle l’éponge vasculaire, qui a tendance à s’altérer avec le temps. Au lieu d’avoir une éponge de bonne qualité, on peut voir ça comme une éponge qui s’assèche et qui prend moins bien le sang, c’est-à-dire que le pénis va se gonfler mais il ne va pas arriver à ce maximum qui permet d’avoir le blocage et d'avoir une érection maximale pour pénétrer", explique le Dr Jean-Etienne Terrier, chirurgien urologue. 

Pour améliorer la qualité de ses érections, le Dr Terrier a proposé à ce sexagénaire un nouveau traitement. Un traitement original puisque c’est le patient lui-même qui fournit la matière première. 

Tout commence par une prise sang classique. A une différence près, le tube de recueil contient un gel spécial qui permet de séparer les différentes composantes du sang. Pour cela, direction la centrifugeuse pendant 5 minutes. 

Des cellules rares aux pouvoirs étonnants

"A la sortie de la centrifugeuse, on a les globules rouges du patient qui sont en bas, le gel de tout à l’heure qui est monté et puis le plasma qu’on a récupéré pour injecter au patient", explique Élodie Cadé, infirmière sexologue. 

Les plaquettes baignent dans ce liquide jaune. Elles représentent moins de 1% du sang, ce sont des cellules rares qui ont des pouvoirs étonnants. 

"On connaît les plaquettes qui normalement servent à la coagulation. Les plaquettes sont aussi des activateurs de cicatrisation. L’objectif est d’injecter ces plaquettes dans le tissu caverneux pour engendrer derrière une cascade d’événements qui aboutit à un "relargage" de facteurs de croissance pour refaire du tissu caverneux de qualité, pour un effet de cicatrisation de l’intérieur du pénis qui serait abîmé avec le temps", commente le Dr Jean-Etienne Terrier. 

Le patient a mis une crème anesthésiante pour réduire la douleur. L’urologue pratique 4 injections directement dans les corps caverneux. Pour bien répartir le produit dans les tissus, il réalise un pansement compressif qui doit rester en place pendant deux heures.  

Des résultats encourageants

Cette technique des injections de plasma n’est pas nouvelle, elle est utilisée depuis des années par les rhumatologues et les médecins du sport pour accélérer la cicatrisation des tissus. Les urologues, eux, s’en servent depuis un an à peine, et les premiers résultats sont encourageants. 

"Les études qui sortent actuellement, et il n’y en n’a pas énormément, montrent un intérêt du plasma sur la qualité de la fonction érectile mais il ne faut pas oublier qu’on s’adresse à une patientèle qui a un certain âge. Il y a le vieillissement naturel donc on nage à contre-courant, on va certes améliorer la qualité du tissu érectile mais cette situation ne sera forcément pas pérenne dans le temps", confie le Dr Jean-Etienne Terrier.  

Si le résultat est insuffisant, le traitement peut être renouvelé l’année d’après. Il comprend à chaque fois une série de 5 injections à 2 semaines d’intervalle. Il faut compter en moyenne 200 euros par rendez-vous, sans aucun remboursement de la part de l’Assurance maladie.