Avortement : Facebook transmet les messages privés d’une Américaine à la police

Dans l’État du Nebraska, une jeune fille de 17 ans et sa mère sont accusées d’avoir pratiqué un avortement illégal. La police s’appuie sur un échange de messages que lui a transmis Facebook.

Muriel Kaiser
Muriel Kaiser
Rédigé le , mis à jour le
Une manifestation après la révocation de l'arrêt Roe vs Wade, protégeant le droit à l'avortement aux États-Unis
Une manifestation après la révocation de l'arrêt Roe vs Wade, protégeant le droit à l'avortement aux États-Unis  —  christianthiel.net

Depuis deux jours, l’affaire secoue les États-Unis. Le réseau social Facebook a transmis un échange de messages entre Celeste Burgess, 17 ans, et sa mère, Jessica Burgess, à la police. Depuis, la jeune femme est accusée d’avoir pratiqué un avortement illégal et sa mère, de l’avoir aidée. 

Les faits remontent à juin 2022, juste avant la décision de la Cour suprême de révoquer le droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Dans l’État du Nebraska, où habitent les deux femmes, l’avortement est autorisé jusqu’à la 20e semaine. Par message, Jessica Burgess explique à sa fille comment prendre les pilules abortives qu'elle s'est procurées pour mettre fin à sa grossesse. Celeste Burgess est donc accusée d’avoir avorté durant sa 28e semaine de grossesse. 

Des messages transmis par Facebook à la police

Ces messages avaient été transmis par Facebook, sur demande de la justice. Cette information a énormément fait réagir. Le réseau social est critiqué pour avoir fourni l’échange de messages. Ainsi, on recense plus de 60 000 posts comprenant le hashtag #DeleteFacebook sur Twitter.  

Facebook s’est défendu en expliquant que les réquisitions "ne mentionnaient pas du tout d’avortement". Les documents judiciaires indiquaient "que la police enquêtait à ce moment-là sur l’incinération et l’enterrement illégaux présumés d’un enfant mort-né", selon le communiqué du réseau social. 

À lire aussi : IVG aux États-Unis : Google va supprimer les données de localisation des femmes qui veulent avorter

Les données personnelles en cause

Cette affaire met une nouvelle fois la lumière sur le problème de la protection des données personnelles. Après la révocation de l'arrêt Roe vs Wade, les défenseurs du droit à l’avortement ont tout de suite alerté sur les messages et autres données pouvant être utilisées contre les femmes souhaitant avorter ou ayant pratiqué une IVG. 
 
Ainsi, ils recommandent aux femmes d’utiliser des messageries sécurisées et de désinstaller les applications de suivi des cycles menstruels.

Des demandes qui risquent de se multiplier

Avant même la révocation officielle de l'arrêt Roe vs Wade, la défenseuse du droit à l’avortement Elizabeth C. McLaughlin alertait sur Twitter : "Si vous utilisez une application de suivi menstruel, ou si vous utilisez votre téléphone pour le faire, arrêtez et supprimez vos données. Maintenant." Son message a été aimé plus de 130 000 fois. 

Aux États-Unis, une vingtaine d’États interdisent ou vont interdire l’avortement. Autant de lieux dans lesquels les demandes d’informations de la police vont certainement se multiplier, pour pouvoir poursuivre les femmes ayant recours à une IVG. En effet, si les forces de l’ordre le demandent, les réseaux sociaux et toute entreprise de communication se verront obligés de transmettre leurs données.