Révocation du droit à l'avortement : ce qui va changer aux États-Unis

Dans la moitié des États américains, le droit à l’avortement est menacé par l’annulation de l’arrêt Roe vs Wade par la Cour suprême. On vous explique tout ce que cette révocation va entraîner outre-Atlantique.

La rédaction d'Allo Docteurs avec AFP
Rédigé le , mis à jour le
Des manifestants devant la Cour suprême des États-Unis pour réclamer le maintien du droit à l'avortement
Des manifestants devant la Cour suprême des États-Unis pour réclamer le maintien du droit à l'avortement  —  Shutterstock

Un “triste jour” pour les États-Unis et une “erreur tragique” qui “met la santé et la vie des femmes en danger”. Le président américain a exprimé sa colère quelques heures à peine après la décision de la Cour suprême de revenir sur l’arrêt Roe vs Wade, vendredi 24 juin. Un texte qui reconnaissait depuis plus d’un demi-siècle le droit à l’avortement aux États-Unis.

À peine la décision prise, une poignée d’États ont immédiatement annoncé limiter l’accès à l’avortement pour les femmes à l’échelle fédérale. Les États-Unis vont revenir à la situation d’avant 1973, lorsque chaque État était libre d’interdire ou d’autoriser l’avortement. Quels changements cette décision implique-t-elle ? Dans quels autres pays le droit à l’avortement est-il en danger ? On fait le point. 

Quels États sont déjà revenus sur ce droit ?

Treize États, surtout dans le sud et le centre, se sont dotés ces dernières années de lois rédigées pour entrer en vigueur automatiquement en cas de changement de jurisprudence à la Cour suprême. Dans les heures qui ont suivi la publication de la décision, au moins sept Etats les ont instaurées. 

Le procureur général du Missouri a annoncé vendredi que son État devenait le "premier" à interdire l'avortement. Ont notamment suivi l'Arkansas et l'Oklahoma, où les autorités ont appliqué immédiatement la nouvelle interdiction. 

Enfin, le Texas ou le Tennessee ont un délai de 30 jours entre la publication de l'arrêt et l'entrée en vigueur du nouvel interdit. Dans d’autres États, des lois interdisent les avortements avec des nuances. L'Idaho prévoit par exemple des exceptions en cas de viol ou d'inceste, le Kentucky uniquement en cas de danger pour la vie de la femme enceinte. 

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Quels changements implique cette révocation ?

Dans une partie du pays, les femmes désirant avorter seront désormais obligées de poursuivre leur grossesse, de se débrouiller clandestinement, notamment en se procurant des pilules abortives sur Internet, ou de voyager dans d'autres États, où les IVG resteront légales.

Anticipant un afflux, ces États, le plus souvent démocrates, ont pris des mesures pour faciliter l'accès à l'avortement sur leur sol. Mais voyager est coûteux et la décision de la Cour suprême pénalisera davantage les femmes pauvres ou élevant seules des enfants, qui sont surreprésentées dans les minorités noires et hispaniques.

Un droit en danger dans d'autres pays

Sur la question de l’avortement, les États-Unis sont en rupture avec la plupart des autres pays développés. Quelques exceptions subsistent toutefois. C'est notamment le cas du président brésilien d'extrême-droite Jair Bolsonaro. La veille de l’annulation de l’arrêt Roe vs Wade, il a encore dénoncé l'interruption volontaire de grossesse d'une enfant de 11 ans, enceinte suite à un viol. 

Quelques exceptions subsistent toutefois. C'est notamment le cas du président brésilien d'extrême-droite Jair Bolsonaro. La veille de l’annulation de l’arrêt Roe vs Wade, il a encore dénoncé l'interruption volontaire de grossesse d'une enfant de 11 ans, enceinte suite à un viol. 

En France, le délai légal pour avorter a été rallongé à quatorze semaines contre douze auparavant. Ailleurs en Europe, la très catholique Irlande a consacré le droit à l'avortement par un référendum en 2018. Les Pays-Bas ont eux supprimé la semaine dernière le délai de réflexion de cinq jours à respecter avant la réalisation d'une IVG. 

Mais un pays comme la Pologne, par exemple, a lui restreint progressivement le droit à l’avortement sur son sol. Il n’est désormais autorisé qu'en cas de viol et d'inceste, ou si la vie ou la santé de la mère sont en danger.  

IVG : une clause de conscience pour les médecins  —  Le Magazine de la Santé - France 5