Variole du singe : Corentin a fait partie des premiers malades

En juin 2022, Corentin a attrapé la variole du singe. Symptômes, douleurs, confinement mais aussi réactions homophobes : il se livre à nous et explique le combat qu'il mène contre cette nouvelle épidémie.

Muriel Kaiser
Muriel Kaiser
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Corentin fait de la variole du singe son combat

"Tout a commencé par de la fièvre et des courbatures. Vu la période, j'ai bien évidemment pensé au Covid, mais j'ai fait un test qui s'est avéré négatif", dit d'emblée Corentin. Le jeune homme de 27 ans est finalement diagnostiqué malade de la variole du singe

"Une semaine s'est écoulée entre les symptômes et le diagnostic", explique-t-il. Un temps de latence suffisamment long pour que Corentin ait pu potentiellement contaminer quelqu'un d'autre. "Un ami a dormi dans mon lit, donc dans mes draps, à ce moment-là". D'autant plus qu'"à aucun moment je n'ai soupçonné avoir la variole du singe. Je ne m'y attendais pas du tout", poursuit Corentin.

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Des douleurs atroces

"Je n'ai eu que trois boutons, j'ai eu de la chance. En revanche, j'avais de très très fortes douleurs au niveau de la lésion anale. Je ne pense pas avoir eu aussi mal de ma vie", confie-t-il. Une période horrible pour le jeune homme. "J'ai perdu sept kg en l'espace de trois jours. Je ne m'alimentais plus. La douleur devenait obsessionnelle".

Une fois le diagnostic posé, Corentin a dû s'isoler durant trois semaines dans son petit appartement parisien. "Quand on fait partie des 400 premiers cas à avoir un virus dans un pays, on est seul. Quand on a un rhume, on peut demander à ses amis s'ils ont une tisane à nous conseiller", compare-t-il. "Là, je me sentais complètement isolé", se rappelle-t-il.

Son combat : faire de la prévention

Corentin décide alors de s'exprimer sur les réseaux sociaux. Face au manque d'information et de prévention, il veut alerter. "J'ai écrit un thread sur Twitter en expliquant mes symptômes. L'idée était de dire : j'ai la variole du singe, ce n'est pas drôle, ça fait mal, voilà comment prévenir la maladie et ce qu'il faut faire en cas de symptômes", explique-t-il.

Si de nombreuses personnes se sont reconnues dans les symptômes décrits par Corentin et ont pu se faire dépister, il s'est heurté à "un torrent de boue homophobe". Le jeune homme, encore confiné, fait face à une pluie de messages d'insultes violentes. "Je sais déconnecter, ce n'est pas le problème. Ce sont des abrutis derrière leur écran. Mais ce qui m'inquiète, c'est : quelles sont les conséquences dans la vie ? Y aura-t-il une hausse du nombre d'agressions ? Un mauvais accueil par le personnel médical ?"

Un collectif avec des revendications

Il craint aussi une stigmatisation comparable à celle des années sida. "La variole du singe ne concerne pas uniquement les hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes. Des femmes sont concernées, et de plus en plus d'enfants, aussi", rappelle Corentin. En effet, la transmission peut se faire par les draps, la vaisselle... "Un virus ne va pas s'arrêter devant un hétéro en se disant : c'est un hétéro, je m'arrête là", ironise-t-il.

Face à tous ces sujets, Corentin ne se voyait pas rester les bras croisés. "Il manque plein de choses. La vaccination est toujours trop lente, et il faut une vraie campagne ambitieuse pour la prévention", estime-t-il. Avec d'autres personnes atteintes de la variole du singe, il a donc lancé un collectif. Une tribune a été publiée dans le JDD avec 15 revendications face à "la défaillance de l’action gouvernementale".