Syndrome du bébé secoué : un père accusé d'avoir tué son enfant témoigne

En 2013, Eitan, décède à l'hôpital des suites d'hémorragies cérébrales. D'abord acquitté, son père Alexandre est finalement condamné à cinq ans de prison. Aujourd'hui, il raconte son combat pour prouver son innocence.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Après une nuit difficile et agitée, en octobre 2013, Alexandre et sa compagne Yoanna décident d'emmener leur bébé souffrant aux urgences. Au fur et à mesure des examens, l'état du petit Eitan se dégrade. Les médecins découvrent des lésions et des hémorragies cérébrales. Il décède à l'hôpital après 12 jours de coma.

Accusé d'avoir secoué son bébé

Les médecins signalent alors un "traumatisme crânien non-accidentel" aussi appelé TCNA. Pour eux, il n'y a pas de doute, le nourrisson présente un syndrome du bébé secoué, le SBS. "Instantanément, plus personne ne nous regardait, c'est polaire" raconte aujourd'hui Alexandre.

Quelques heures à peine après son enterrement, ses parents sont placés en garde à vue. Ils vivent une expérience traumatique. "L'autopsie de votre enfant est catastrophique, l'un de vous deux l'a tué", révèle alors le commandant, photos à l'appui. "Ces images ne m'ont jamais quitté" souffle Alexandre. L'homme est accusé d’avoir secoué son bébé. "Vous êtes aux Assises pour avoir tué votre enfant", martèle-t-il.

Ne comprenant pas ces accusations, il commence sa propre enquête. Il présente le dossier médical d'Eitan à des neurochirurgiens et des neuropédiatres. Ils découvrent alors que son fils présentait une thrombose dont l'origine pourrait être infectieuse. 

Pour les experts judiciaires, la présence d'hémorragies, de saignement dans le fond d'oeil et de lésions cérébrales confirment le diagnostic du syndrome du bébé secoué. Mais la cour retient la piste de l'infection et en octobre 2019, Alexandre est acquitté.

"Il faut du courage pour rester debout"

Le parquet fait appel et à l'issue d'un second procès, Alexandre est condamné à cinq ans de prison avec sursis. "Je comprends tout à fait la complexité de tout ça. Ceux qui maltraitent des enfants doivent être punis sévèrement. On ne touche pas un enfant", témoigne-t-il aujourd'hui.

Depuis, Alexandre et Yoanna ont eu deux enfants. "J'avais peur d'avoir un enfant dans les bras, on n'est pas que dans un problème médical, il faut du courage pour rester debout" souffle-t-il.

Aujourd'hui, il revient sur les neuf dernières années de sa vie et son combat pour prouver son innocence. Avec l'association Adikia, il s'investit quotidiennement auprès d'une centaine de familles, toutes dans la même situation, et se bat pour une meilleure reconnaissance des pathologies neurologiques chez les nourrissons et éviter le signalement systématique des parents.

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