"Stop bébé secoué" : une campagne choc contre un syndrome qui peut être mortel

Le gouvernement lance ce 17 janvier 2022 une nouvelle campagne de sensibilisation contre le syndrome du bébé secoué. Chaque année, plusieurs centaines d'enfants en sont victimes selon Santé Publique France.

Dr Anne Sikorav
Dr Anne Sikorav
Rédigé le , mis à jour le
"Stop bébé secoué" : une campagne choc contre un syndrome qui peut être mortel

Pour "alerter sur la réalité de cette maltraitance et ses conséquences" et "présenter des solutions préventives", cette campagne est centrée sur un spot vidéo glaçant qui ne montre rien mais laisse entendre, à travers un babyphone, la voix d'un père excédé. "J'en ai marre, tu me pourris la vie, tout ce que tu sais faire c'est chialer!", hurle le père, avant que les pleurs du bébé ne cessent brusquement. 

Secouer n’est pas jouer

"Les secousses sont des gestes d'une extrême violence qui n'ont rien à voir avec un geste maladroit de la vie quotidienne, ni avec le jeu, comme lancer un enfant en l'air", explique Dr Anne Laurent-Vannier qui a présidé le groupe de travail consacré à ce trouble au sein de la Haute Autorité de Santé (HAS).

Les cas de bébés secoués ne sont pas des faits isolés. Plusieurs centaines d'enfants sont victimes chaque année de ce syndrome, avec un pic d'incidence entre deux et quatre mois. Et l'adulte maltraitant ne l'est rarement qu'une fois: les bébés secoués l'ont été en moyenne à dix reprises, selon des données publiées en 2017 par la HAS.   

Une victime sur dix décède

Ce geste violent entraîne des lésions cérébrales graves qui conduisent au décès dans un cas sur dix et les trois-quarts des survivants en garderont de lourdes séquelles - comme des déficiences intellectuelles, visuelles ou motrices, ainsi que des troubles du comportement, de la parole ou de l’attention.

Tous concernés

Les adultes qui perdraient patience face à un bébé ne doivent pas hésiter à "partager leurs craintes et leurs doutes" et "demander de l'aide", insistent les concepteurs de cette campagne de communication - qui sera déclinée sur YouTube, sur les plateformes de "replay" des grandes chaînes de télévision et les réseaux sociaux.
Si l'adulte est excédé, il peut toujours coucher le bébé sur le dos et quitter la pièce, car "il n'y a aucun danger à le laisser seul dans cette position", soulignent les spécialistes.   

Le secrétaire d'Etat chargé de l'Enfance et des Familles Adrien Taquet doit se rendre lundi matin au CHU de Lille pour lancer cette campagne. Il doit visiter à cette occasion un service de neurochirurgie et une maternité, et s'entretenir avec des familles de victimes.   

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