Un naturopathe et son fils mis en examen à la suite de décès liés à des jeûnes

Le naturopathe Eric Gandon et son fils ont été mis en examen après plusieurs décès survenus à la suite des stages qu'ils organisaient. Ces derniers consistaient en des jeûnes prolongés, sans aucun suivi médical.

Mathieu Pourvendier avec AFP
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Les stages proposés par Eric Gandon, moyennant plusieurs centaines, voire milliers d'euros, consistaient à ne pas absorber d'aliments solides durant une à plusieurs semaines, sans suivi médical
Les stages proposés par Eric Gandon, moyennant plusieurs centaines, voire milliers d'euros, consistaient à ne pas absorber d'aliments solides durant une à plusieurs semaines, sans suivi médical  —  Capture écran de la chaîne YouTube d'Eric Gandon

Un nouveau scandale frappe le domaine de la naturopathie. Eric Gandon, 58 ans, se présentant comme "naturopathe", et son fils ont été mis en examen jeudi 12 janvier après plusieurs décès survenus à la suite de stages de jeûnes prolongés qu'ils avaient organisés, a annoncé le parquet de Tours.      

Des jeûnes "sans aucun suivi médical"

Les "cures hydriques" proposées par Eric Gandon, moyennant "plusieurs centaines, voire milliers d'euros", consistaient "à ne pas absorber d'aliments solides durant une à plusieurs semaines sans qu'aucun suivi médical ne soit assuré ni prévu", explique dans un communiqué le procureur de la République de Tours, Grégoire Dulin, relayé par l'AFP.    

Lors d'un de ces stages, organisé dans un château à Noyant-de-Touraine (Indre-et-Loire), une femme de 44 ans avait trouvé la mort le 12 août 2021. C'est cet évènement qui avait déclenché l'enquête.

Malgré ce décès, Eric Gandon avait poursuivi les stages en cours, amenant la préfecture à prendre quelques jours plus tard un arrêté d'interdiction de ces cures et séjours sur la commune. 

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Au moins cinq victimes identifiées

Une information judiciaire avait alors rapidement été ouverte à Tours et avait permis d'identifier quatre autres victimes, dont deux décédées depuis.

Une plainte concerne un homme âgé d'une soixantaine d'années, décédé le 18 juillet 2020, un mois après avoir participé à un stage organisé en Vendée alors qu'il souffrait d'un cancer en phase terminale. 

Une autre est liée au décès, le 15 mars 2022, d'une jeune femme ayant suivi des formations organisées par Eric Gandon l'année précédente, alors qu'elle souffrait d'un cancer du foie et était en rupture de traitement, détaille le procureur. Deux autres plaintes émanent de participantes au stage organisé à l'été 2021.   

Des méthodes non reconnues

Malgré les décès et les mesures administratives, "Eric Gandon avait poursuivi l'organisation de stages de jeûne et la promotion de ses méthodes, qui n'apparaissaient reconnues ou avalisées par aucune institution publique ou autorité médicale", souligne le communiqué du parquet de Tours consulté par l'AFP.   

Eric Gandon a été écroué et mis en examen pour des chefs d'homicide involontaire, abus de faiblesse, mise en danger de la vie d'autrui et exercice illégal des professions de médecin et pharmacien pour des faits survenus de juillet 2020 à janvier 2023. 

Son fils âgé de 25 ans, qui participait à l'organisation des stages et à la promotion des méthodes de son père via une chaîne YouTube, a quant à lui été mis en examen des chefs d'exercice illégal des professions de médecin et pharmacien. Il a été placé sous contrôle judiciaire avec interdiction d'exercer toute activité en lien avec le jeûne et la naturopathie.

Les deux hommes n'ont pas d'antécédents judiciaires et contestent l'intégralité des faits qui leur sont reprochés, indique le parquet.

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