Scandale du Centre du don des corps : l'université Paris-Cité condamnée

L'université Paris-Cité a été condamnée à verser 15 000 € en réparation du préjudice moral subi par l'ex-secrétaire générale du Centre du don des corps entre 2016 et 2018. Elle avait plusieurs fois alerté sur les conditions indécentes de conservation de dépouilles.

Muriel Kaiser avec AFP
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Rédigé le , mis à jour le
Le tribunal administratif de Paris a condamné l'université Paris Cité jeudi 3 novembre
Le tribunal administratif de Paris a condamné l'université Paris Cité jeudi 3 novembre  —  Patrick Janicek

Trois ans après le scandale du charnier de Paris-Descartes, l'ex-secrétaire générale du Centre du don des corps Dominique Hordé a été entendue par la justice. L'université Paris-Cité a été condamnée à lui verser 15 000 € à en réparation du préjudice moral qu'elle a subi.
En 2019, une enquête de L'Express révélait que des dépouilles de milliers de personnes ayant fait don de leur corps à la science avaient été conservées dans des conditions indécentes au sein de l'université.

Le jugement a été révélé jeudi 3 novembre par le journal Le Monde. Le tribunal administratif de Paris conclut que l'établissement a exposé Dominique Hordé, "soucieuse de l’éthique de la conservation des corps et du respect dû aux familles de donateurs", à "des risques physiques, sanitaires et psychosociaux" ayant eu des "retentissements importants sur sa santé, dont les plus graves (...) ont été reconnus comme accident puis maladie d’origine professionnelle". 

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L'ex-secrétaire "mise en danger"

Le tribunal relève que l'université, qui regroupe Paris-Descartes et Paris-Diderot, s'est "abstenue de prendre les mesures nécessaires et adaptées" pour "remédier aux dysfonctionnements graves dus à la vétusté des locaux", pour "faire cesser la manipulation irrespectueuse des corps" et "pour apporter son concours à Mme Hordé dans la gestion particulièrement difficile de l’équipe des préparateurs". 

Cette situation, à laquelle la secrétaire "a essayé de remédier (...) a engendré une souffrance au travail", résume le tribunal qui n'a toutefois pas retenu le harcèlement moral. Pour la juridiction, Dominique Hordé a été "véritablement mise en danger". L’université a "commis à son égard une faute de nature à engager sa responsabilité". 

Une nouvelle faute de l'université

"Les tensions entre Mme Hordé et les préparateurs se sont aggravées car l’équipe a refusé la mise en œuvre de travaux, susceptibles de changer ses habitudes ainsi que toute formation, perçue comme une surveillance, et n’a pas accepté que ses pratiques soient remises en cause", poursuit le tribunal.  

Sollicités, ni l'université ni ses avocats n'ont donné suite dans l'immédiat. "C'est important qu'il y ait une reconnaissance d'une faute de l'université, liée à l'extrême vétusté des locaux, une conservation déficiente, une maltraitance des corps et des conditions de travail inacceptables", a commenté Dominique Hordé. 

Charnier de Paris-Descartes : le scandale continue  —  Le Mag de la Santé - France 5