Charnier de Paris-Descartes : des corps utilisés pour des crash-tests

Une nouvelle enquête révèle que des dépouilles du Centre du don des corps de l’université Paris-Descartes ont été vendus pour des crash-tests automobiles et militaires, sans que les donateurs en aient été informés de leur vivant.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Image d'illustration.  —  Crédits Photo : © Le Mag de la Santé - Allodocteurs.fr

Nouvelles révélations dans l’affaire du charnier de l’université Paris-Descartes. Ce centre du don des corps épinglé depuis une enquête de L’Express en 2019 sur les conditions déplorables de conservation des dépouilles est fermé depuis deux ans.

Mais il a fait l’objet d’une nouvelle enquête de l’Inspection générale des Affaires sociales (Igas). Consultée par France 2, cette enquête évoque "la mise à disposition de corps pour des crash-tests dans le secteur automobile" mais aussi dans le secteur militaire.

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900 euros pour un corps

Ainsi, "37% des revenus du Centre des corps provenait de sociétés dont l’objet principal était industriel" révèle L’Œil du 20heures de France 2 diffusé le 1er juin. "C’est légal, mais les donateurs n’en ont pas été informés", précise le média.

Une pratique problématique sur des dépouilles initialement destinées à faire avancer la recherche médicale, rendue possible grâce à une convention signée entre l’université Paris-Descartes et le Centre européen d’études de sécurité et d’analyse des risques (CEESAR).

Le contrat, consulté par France 2, indique que la mise à disposition de ces corps était tarifée : 900 euros pour un sujet et 400 euros pour une pièce anatomique. Cette contractualisation privée n’a pas été mentionnée aux donateurs ni à leur famille et constitue donc une tromperie.

Un charnier qui dure depuis 30 ans ?

L’enquête est toujours en cours et un nouveau rapport doit être remis le 7 juin à la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Frédérique Vidal.

En parallèle, la journaliste Anne Jouan, qui a révélé les faits en 2019 dans L’Express, affirme aujourd’hui dans un article pour Paris Match que le charnier était déjà en place il y a plus de 30 ans. Elle évoque sur Twitter "un système généralisé et banalisé de maltraitance des corps" qui a duré "pendant au moins trois décennies".