Plomb : sept cas de saturnisme détectés autour de l'ex-usine Metaleurop

Des résultats d'analyses menées autour de l'ancienne usine métallurgique ont révélé des cas d'intoxications au plomb chez sept enfants et des taux supérieurs à la limite autorisée dans plusieurs écoles.

Mathieu Pourvendier avec AFP
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Metaleurop : des enfants intoxiqués au plomb
Metaleurop : des enfants intoxiqués au plomb  —  Le Mag de la Santé - France 5

Sept cas de saturnisme et 61 imprégnations élevées au plomb ont été détectés chez des enfants des communes situées autour de l'ancienne fonderie Metaleurop-Nord, dont les sols sont pollués, a appris l'AFP mardi 27 septembre auprès de l'ARS (Agence Régional de Santé).

Le saturnisme, qui correspond à une intoxication au plomb, est une maladie affectant le système nerveux, la moelle osseuse et les reins. Chez les enfants, il peut entraîner des troubles cognitifs, un retard pubertaire, des anémies et un risque d'inflammation cérébrale voire de décès dans les cas les plus sévères.

61 enfants ont dépassé le seuil de vigilance

Ces résultats, encore partiels, découlent d'un dépistage lancé mi-juin pour les moins de 18 ans résidant à Evin-Malmaison, Courcelles-lès-Lens, Noyelles-Godault, Leforest et Dourges, communes situées autour de l'usine fermée en 2003. L'objectif : "répondre à l'inquiétude" de la population sur les conséquences sanitaires de l'exploitation de cette fonderie qui a rejeté pendant des décennies des tonnes de métaux lourds dans l'environnement, notamment du plomb et du cadmium. 

Les résultats portent pour l'heure sur 889 enfants, a précisé l'ARS dans un communiqué. Parmi eux, sept "présentent une plombémie supérieure à 50 µg/litre de sang, seuil de définition du saturnisme".

Les familles concernées "ont fait l’objet d’une visite au domicile" pour mener des "investigations", explique l'ARS, qui souligne qu'"au moins une autre source d’exposition potentielle au plomb, liée au mode de vie ou à l’habitat, a été identifiée pour trois enfants". Le seuil de vigilance de 25 µg/l est par ailleurs dépassé pour 61 enfants dont les familles se verront "apporter des explications sur les sources d’exposition possible au plomb et des recommandations".

Des taux trop élevés dans les écoles

Selon la préfecture, la teneur en plomb dans le sol de cinq écoles était plus importante que la limite autorisée de 300mg/kg. L’école Léon-Blum d’Evin-Malmaison présente la situation la plus inquiétante, le taux de plomb dans son sol étant estimé à 995mg/kg. 

Deux autres écoles de la même ville et deux à Courcelles-lès-Lens sont également concernées par un dépassement du seuil limite.

"Il faut impérativement nettoyer les sol"

Un père de famille de Courcelles-lès-Lens a expliqué à l'AFP que ses deux enfants sont contaminés, sa fille de six ans et son fils de deux ans. Après avoir reçu les résultats par courrier, il a eu un appel de  l’ARS qui a, selon lui, "minimisé" les risques. De plus, les parents, qui se sentent parfois coupable de "manquement de protection", ils souhaitent que l’État "assument leurs conneries d'avoir laissé les terres polluées." comme le dit ce père de famille de 32 ans.

"C'est ce qu'on redoutait. Ça fait des années qu'on dit que la pollution ne s'est pas arrêtée", a réagi mardi auprès de l'AFP Bruno Adolphi, président d'une association de riverains à l'origine d'une plainte contre l’État. "Il faut impérativement nettoyer les sols dans lesquels se trouvent ces métaux lourds."

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Combien d'enfant concernés ?

Dans un communiqué, la préfecture a fourni plusieurs recommandations, dont celle "d'empêcher l'accès aux sols non recouverts (terres à nu, pelouses) de plusieurs espaces qui peuvent être fortement fréquentés par les enfants". 

À la fermeture de l'usine Metaleurop en 2003, la zone était considérée comme la plus polluée de France. Cinq communes (24.000 personnes) sont concernées par une restriction de l'usage des sols.

L'équipe de l'émission d'investigation "Vert de rage", sur France 5, qui a enquêté sur cette pollution, estimait fin avril que 5.815 enfants pourraient avoir été atteints de saturnisme entre 1962 et 2020, dont une centaine depuis 20 ans. La préfecture avait répondu qu'un seul cas avait été enregistré depuis 10 ans dans la zone.