Naturopathes, auto-guérison… Doctolib accusé de promouvoir les médecines alternatives

De nombreux internautes reprochent à la plateforme de prise de rendez-vous médicaux de faire la promotion de médecines non reconnues, qui n'ont pas fait leurs preuves de manière scientifique.

Mathis Thomas
Mathis Thomas
Rédigé le , mis à jour le
Doctolib précise être “intransigeant sur l’exercice illégal de la médecine”
Doctolib précise être “intransigeant sur l’exercice illégal de la médecine”  —  Shutterstock

Doctolib doit-il mettre en avant des naturopathes, hypnothérapeutes ou autres médiums ? Sur les réseaux sociaux, la question a enflammé les débats le week-end dernier, après que plusieurs médecins aient relayé la présence de personnes n'exerçant pas une activité réglementée sur la plateforme.

Je découvre en tapant par hasard que vous proposez des consultations… de naturopathie. (…) Vous vous rendez compte que votre sceau les valide ?”, interpelle un médecin réanimateur sur Twitter. Sur Doctolib, les consultations de praticiens non reconnus sont disponibles dans la catégorie “bien-être” de la plateforme, et un encart permet de différencier les professions non réglementées des professionnels de santé.

Capture d'écran du commentaire de @Unereadu93
Capture d'écran du commentaire de @Unereadu93  —  Twitter : @Unereadu93

Des pratiques épinglées par la Miviludes

On retrouve ainsi des dizaines de profils de spécialistes en naturopathie, en urinothérapie (pratique qui consiste à boire son urine pour préserver sa santé) ou encore en iridologie, une pseudo-médecine qui prétend soigner et détecter les signes de maladies d’un patient en observant uniquement son iris. 

Une partie de ces praticiens vantent "l'auto-guérison" et promettent de se soigner seul et sans médicament, en adoptant un mode de vie sain grâce à des consultations proposées à des tarifs libres, qui peuvent parfois atteindre une centaine d'euros la séance. Des “méthodes thérapeutiques” épinglées par la Miviludes, la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires.

Doctolib a répondu à la polémique dans une série de messages postés sur Twitter. La plateforme estime que “la société évolue” et que “certaines associations de patients promeuvent l'accès à des thérapies complémentaires”.  

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"Faute morale" de Doctolib

Doctolib précise toutefois être “intransigeant sur l’exercice illégal de la médecine” et ajoute que ces professions ne représentent que 3 % des utilisateurs répertoriés. La plateforme s’engage néanmoins à examiner les profils signalés par les internautes sur les réseaux sociaux. 

Cette réponse ne suffit pas à calmer les critiques de certains spécialistes. Le collectif No Fake Med, qui alerte sur le danger des médecines alternatives, regrette que ce soit aux utilisateurs de Doctolib d’identifier les “pseudomédecines, les prédateurs ou les escrocs”.  

Son président, Dr Pierre de Bremond d'Ars, reproche à Doctolib de “légitimer des pratiques non reconnues par l’État” et de “donner du crédit à ces médecines alternatives” en proposant des consultations sur la même plateforme que les rendez-vous médicaux.

Différencier bien-être et santé

Doctolib est libre de créer un nouveau site où seront recensés les spécialistes en bien-être, s’il le souhaite”, justifie le généraliste. “Mais il faut nécessairement différencier le bien-être et la santé.”

Le président du collectif No Fake Med appelle par ailleurs la plateforme à réguler d’emblée les profils de personnes n’exerçant pas une activité réglementée qui "contreviennent au code de déontologie médical”. Doctolib a d’ores et déjà suspendu 17 praticiens se disant formés aux pratiques d’Irène Grosjean, une naturopathe qui promeut des agressions sexuelles sur des enfants afin de les soigner.   

L’association pointe du doigt le message affiché sur la page d’accueil du site : "Prenez rendez-vous avec un professionnel de santé”. “C’est une publicité mensongère et une faute morale” de la part de Doctolib regrette No Fake Med dans un tweet. “Il s’agit d’un manquement déontologique grave duquel nous appelons l’Ordre des médecins à se saisir !” conclut le collectif.

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Carton rouge du Dr Jimmy Mohamed : l'ostéopathie chez les nouveaux-nés, ça ne sert à rien !  —  Le Magazine de la Santé - France 5