Maltraitance en EHPAD : une famille témoigne

Manque d’hygiène, absence d’aide pour prendre les repas… Myriam, membre du collectif 9471 a vu sa mère souffrir de maltraitances quotidiennes dans un petit EHPAD associatif. Elle revient sur ces années d’inquiétude et d’impuissance.

Géraldine Zamansky
Rédigé le , mis à jour le

Myriam a du mal à se remettre du décès de sa mère, Monique, l’année dernière. Elle était entrée en EHPAD en 2016. Tout allait bien jusqu’à ce que Monique perde son autonomie après une chute. Aujourd’hui Myriam retrace cette évolution en regardant des photos avec son mari.

Trois protections par jour !

Le premier choc est arrivé quand sa mère n’a plus été en mesure d’aller aux toilettes toute seule.

"On vous accorde 3 protections par jour. Ma mère sentait les mictions, c’était un déshonneur pour elle. À la longue, elle a fait comme tous les autres, elle faisait sur elle, tout simplement, dans sa protection…
La chemise et le pantalon étaient trempés. Parfois elle était changée mais ni le pantalon, ni les sous-vêtements ne l'étaient. Il y avait une odeur incroyable"
, se désole Myriam.

Le manque d’hygiène lié au manque de personnel s’est aussi traduit au niveau des ongles de sa mère.

"C’était une mycose, l’ongle était pratiquement perdu ! Pour éviter que ça se propage et que ça continue de pourrir l’ongle, il a fallu faire intervenir le médecin. Le manque d’hygiène a entraîné cette mycose", commente Myriam.

"Elle ne pesait plus que 32 kg"

L’état général de sa mère s’est vraiment dégradé au cours de la deuxième vague de l’épidémie de Covid qui a encore restreint les visites. La famille ne pouvait plus venir la voir et lui apporter un goûter tous les jours pour compenser les repas ratés, faute d’assistance.

"Elle ne pesait plus que peut-être 32 kgs. C’est parce qu’elle n’avait pas d’aide pour manger puisqu’on devait lui mettre son plateau devant elle. Parfois ma fille arrivait lors des visites en chambre, tout était par terre !
La pauvre elle devait essayer toute seule mais elle n’y arrivait pas..."
, confie Myriam.

Devant cette situation, Myriam s’est inquiétée au point de chercher un autre Ehpad, mais sa mère est décédée à 90 ans, au printemps dernier avant qu’elle puisse organiser le transfert.