Ostéoporose : doit-on prendre le traitement par bisphosphonates à vie ?

J'ai 54 ans, je prends un comprimé de bisphosphonates chaque semaine. Est-ce un traitement à vie ?

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Les réponses du Pr Bernard Cortet, rhumatologue :

"Non le traitement par le bisphosphonate n'est pas un traitement à vie car une des caractéristiques sur un plan pharmacologique des bisphosphonates, c'est qu'ils restent dans l'os pendant assez longtemps. Ils ont une rétention intra-osseuse de telle sorte qu'on peut les prendre pendant une durée relativement brève (trois à cinq ans), et à l'issue de ce délai on réévalue. Et en fonction d'un certain nombre de paramètres maintenant bien définis, on voit s'il faut continuer ou non au delà de ce délai soit avec le même type de traitement, soit éventuellement en changeant de classe thérapeutique.

"Les bisphosphonates permettent de reconstruire de l'os de manière modérée. Mais on sait que le mécanisme d'action est très compliqué et la protection anti-fracturaire passe pour une certaine mesure par les gains en densité osseuse mais passe également par d'autres facteurs notamment l'amélioration de la micro-architecture osseuse et également d'autres paramètres qui ne sont pas appréhendés par la densité osseuse.

"En terme d'efficacité de ces traitements, il n'y a aucun doute et en terme de niveau de preuves, par rapport à d'autres mesures, c'est clairement les médicaments anti-ostéoporotiques et notamment les bisphosphonates qui ont fait la preuve de leur intérêt. Le problème n'est pas tant à mon sens le problème d'efficacité, mais c'est la tolérance. Comme tout médicament, il y a un rapport bénéfice/risque et le message actuel, c'est vraiment de traiter les femmes à risque très élevé de fracture et notamment celles qui sont déjà fracturées. Il s'avère qu'à l'heure actuelle en France environ 15% des femmes de plus de 50 ans, sont traitées. Il y a une régression de la prise en charge. Ce sont des chiffres que l'on obtenait à la fin des années 90 pour différentes raisons. Et les messages véhiculés par rapport à ces traitements, parfois à tort, par certains confrères, nuisent clairement à la prise en charge.

"Concernant les effets secondaires, il en existe un en particulier : c'est l'ostéonécrose de la mâchoire qui est une complication grave. C'est une problématique que l'on rencontre essentiellement chez des femmes ou des hommes qui ont une pathologie néoplasique avec des métastases osseuses qui nécessitent des doses globalement dix fois supérieures. La fréquence est d'environ 1%, ce qui est énorme. Alors que dans le domaine de l'ostéoporose, les chiffres sont tellement faibles qu'on a du mal à les appréhender (entre 1 pour 10.000 et 1 pour 100.000 personnes traitées pendant un an). Ce n'est pas nul mais c'est très faible."