Déconfinement difficile pour les patients hospitalisés en soins de longue durée

Pour les patients hospitalisés pour des séjours de longue durée, les conditions de visite commencent à peine à s’assouplir. Une situation de plus en plus difficile à supporter pour ces patients fragiles. 

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le

“Je suis hospitalisée depuis le 6 août dernier, suite à d’importantes brûlures. J’ai été transféré au centre médical de l’Argentière qui dispose d’une unité de rééducation des brûlés le 19 mars dernier. A ce jour, le 8 mai, cela fait deux mois que je n’ai pas reçu de visite.” 

Voici le cri de détresse lancé par Géraud Bournet il y a un mois et demi. Il est à l’époque confiné dans un centre médical.  Kinésithérapie, consultation avec les psychologues... Les soins essentiels ont été assurés mais il y a eu des rendez-vous manqués. 

J’ai vécu de l’inconfort physique avec ma trachéotomie qui est restée plus longtemps qu’elle le devait. J’ai eu des problèmes de déglutition, un peu peut-être une inflammation de l’oesophage. Je pense que ça aurait pu être évité. Mon ongle incarné qui m’empêche, enfin qui me rend la marche difficile, ça aussi ça aurait pu être évité.” 

Un isolement difficile à vivre 

Le plus dur reste l’isolement, malgré une présence attentive des soignants. Trois mois sont passés sans que Géraud ne voit sa famille. Les visites ont repris le 10 juin, mais dans des conditions strictes: une visite d’une heure seulement chaque semaine. 

Selon le Pr Claude Jeandel, gériatre et conseiller médical Fondation Partage et Vie, ces mesures sont prises avant tout, pour protéger les patients fragiles.  “On se doit de prendre des précautions et d’évaluer le bénéfice-risque de chaque situation. Sachez que cette décision est prise au cas par cas en collégialité. Pour autant, on se doit aussi en tant que responsable de faire en sorte de ne pas faire prendre de risques au patient ou à leurs proches.”  

Un assouplissement progressif  

Mais aujourd’hui, ces précautions exceptionnelles prisent face à l’épidémie de COVID-19 questionnent Alice Casagrande, présidente de la commission nationale de lutte contre la maltraitance.  “On a été mobilisé chez les soignants, dans le corps médical, des manières de considérer autrui dans une sauvegarde nécessaire très rapide, très radicale. Et une fois que l’on déclenche ce type de réflexes, on mobilise chez les équipes soignantes des surprotections, des réflexes, des manières de travailler avec les malades qui ne sont pas co-construites avec les familles.” 

Des mesures d’assouplissement sont réclamées. De façon hétérogène et sur décision du gestionnaire, les établissements commencent à se déconfiner. Mais une chose est sûre, lors des visites, le port du masque et les mesures de distanciation sociale resteront obligatoires.