L'anesthésiste Frédéric Péchier admet l'empoisonnement d'un de ses patients

L'ancien anesthésiste Frédéric Péchier a avoué au tribunal ce 28 novembre qu'au moins un de ses patients avait été empoisonné. Il est soupçonné de 30 empoisonnements dans deux cliniques de Besançon.

Alexis Llanos avec AFP
Rédigé le , mis à jour le
Dans la poche de perfusion, des anesthésiques locaux non utilisés d'ordinaire ont été découverts
Dans la poche de perfusion, des anesthésiques locaux non utilisés d'ordinaire ont été découverts  —  Shutterstock

Frédéric Péchier, ex-anesthésiste, est soupçonné d'avoir pollué, entre 2008 et 2017, les poches de perfusion de patients dans deux cliniques privées de Besançon. Au total, il est soupçonné dans 30 empoisonnements - dont 12 mortels. Il aurait agi ainsi afin de provoquer des arrêts cardiaques, pour ensuite démontrer ses talents de réanimateur, mais aussi pour discréditer des collègues avec lesquels il était en conflit. Il a été entendu mardi 28 et mercredi 29 novembre par le juge d’instruction chargé de l’affaire.

Au moins un empoisonnement confirmé

Lors de ses auditions, "M. Péchier a répondu à toutes les questions relatives aux 30 cas d'empoisonnement", selon Etienne Manteau, le procureur de la République de Besançon. "Selon le mis en examen, un seul cas sur la totalité des 30 dossiers constitue un empoisonnement", mais sans pour autant en admettre la responsabilité. Le reste relèverait d'"erreurs médicales".

Le cas en question remonte au 20 janvier 2017 et représente le dernier fait retenu par la justice. Un patient, anesthésié par le docteur Péchier lui-même, avait été victime d'un événement indésirable grave (EIG). "Il s'agit d'un empoisonnement avéré puisqu'on a trouvé des anesthésiques locaux dans la poche de paracétamol qui devait être administrée à son patient selon lui", a détaillé le procureur lors d'une conférence de presse. Ce produit local n'est normalement pas utilisé dans le processus anesthésique. 

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Une "erreur médicale"

Selon le procureur, le docteur Péchier a indiqué que de telles erreurs d'ampoules contenant des anesthésiques locaux se produisent chaque jour dans les hôpitaux en France. Selon lui, ces erreurs médicales expliquent en partie les surdosages constatés.

Le docteur Péchier s’est également défendu en déclarant qu’il mettait en œuvre ce qu'il avait appris lors de ses stages d'interne en médecine. Selon le procureur, l'ex-anesthésiste a contesté fermement toutes les conclusions des experts.

Tout ne serait que complot ?

Plutôt que d’admettre des dysfonctionnements internes, il a dénoncé un pacte de médecins anti-Péchier au sein des cliniques de Besançon pour lui faire porter le chapeau. Il a également dénoncé des stratagèmes de la part des enquêteurs, du magistrat instructeur et des experts pour tout lui imputer, a précisé Etienne Manteaux.

À la lumière des dernières déclarations du docteur Péchier, le juge d'instruction envisage de faire procéder à des vérifications complémentaires. "La clôture de l'instruction de l'information judiciaire se rapproche désormais", a conclu le procureur.

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