La mode de la musculation sur les réseaux, un danger pour les ados ?

78 % des jeunes entre 15 et 24 ans pratiquent une activité sportive. La musculation fait partie des sports les plus attractifs et les plus instagrammables. Mais est-ce dangereux pour ces adolescents ? Reportage.

Setti Dali
Rédigé le
Musculation : quand les ados sont influencés par les réseaux
Musculation : quand les ados sont influencés par les réseaux  —  Le Mag de la Santé - France 5

Pompes, curls, squat, tractions… Dans sa chambre, Nail, 15 ans, s’astreint tous les jours à cette petite routine en quête de performance et d’un meilleur physique. En un an, son corps s’est remodelé et le moral a grimpé. 

"J’ai plus confiance en moi, j'ai moins peur de parler devant des gens. J’ai moins peur d’aller voir une fille, je suis plus à l’aise avec ça", explique l'adolescent.

Une obsession du corps parfait

Comme beaucoup d’adolescents, Nail s’est entraîné grâce aux réseaux sociaux. Beaucoup d’influenceurs y exhibent leur physique hors norme et diffusent leurs conseils pour pratiquer seul à domicile.

"Quand j’ai commencé lmusculation, j’ai vu quelqu’un de musclé comme ça, pour moi ce n'était pas un modèle physiquement, mais j’avais envie de ressembler un peu à ça un jour", poursuit Nail.

C’est tout le problème de ces images qui alimentent l’idée que ces jeunes peuvent obtenir des résultats rapides et un physique surdimensionné. Au risque, selon ce médecin du sport, d’inciter le jeune public à prendre des produits dopants.

Un risque élevé de dérives

"Un adolescent qui voudrait avoir cet aspect-là spontanément, naturellement sans utiliser aucun artifice, c’est strictement impossible. Le risque, ce sont les dérives, c’est d'essayer d’aller chercher quelque chose d’inatteignable. On a des dérives alimentaires, de prise de produits avec des entraînements excessifs qui peuvent entraîner des pathologies", explique le Dr Jean-Marc Sène, médecin du sport.

Pour éviter ces dérives, les clubs d’haltérophilie et de musculation ont ouvert des sections pour les 12-16 ans et les adhérents n’ont jamais été aussi nombreux. Les jeunes filles y sont même surreprésentées.   

"Avant de venir ici, je faisais 40 kg et maintenant 46. 6 kilos, c'est quand même pas mal, ça m’a aidé à avoir plus confiance en moi", confie Juliette, 15 ans.  

Encadrée et avec modération

Contrairement à une idée répandue, la musculation n’est pas contre-indiquée pour les adolescents, elle favorise même la croissance osseuse et renforce le système cardiovasculaire, à condition de la pratiquer avec modération et qu'elle soit encadrée par des éducateurs sportifs diplômés.

"Quand ils viennent à la salle, ils apprennent à se fixer des objectifs raisonnables, mais comme ils se voient progresser, ils se réconcilient progressivement avec leurs corps et retrouvent le sens des réalités et donc de ce qui est atteignable", explique Ludwig  Wolf, conseiller sport santé à la Fédération Française Haltérophilie-Musculation.

La musculation est permise dès l’âge de 12 ans. Dans ces clubs, les coachs sportifs y enseignent les bonnes postures, mais aussi des conseils de bien-être et de nutrition.