Conduite sous stupéfiants : quels sont les risques ?

Le nombre de dépistages au volant a doublé depuis 2020, mais un accident mortel de la route sur cinq est actuellement lié à la consommation de stupéfiants. Comment agissent-ils sur notre santé et notre vigilance ?

Inès de Pampelonne
Rédigé le
Lutter contre le fléau de la drogue au volant
Lutter contre le fléau de la drogue au volant  —  Le Mag de la Santé - France 5

La France compte plus d’un million d’usagers réguliers du cannabis, et 342 000 usagers problématiques de drogues dites "dures". Une consommation qui comporte des risques pour la santé, mais aussi sur la route.

Aux sorties du périphérique parisien, les contrôles inopinés se multiplient. Plus qu’une classique vérification de papiers, cette opération de police vise à détecter la prise de stupéfiants au volant. Les forces de l'ordre présentent aux conducteurs un test capable de détecter la présence de substances dans la salive, telles que le cannabis, la cocaïne, les opiacés, les amphétamines et certaines drogues de synthèse. Le résultat tombe en quelques minutes.

Un conducteur sur huit testé positif

En 2022, un automobiliste contrôlé sur huit a été testé positif avec ce test, en grande partie pour du cannabis, mais pas seulement.

"On a de plus en plus de personnes qui ont consommé de la cocaïne. On a également des tests qui étaient rares, mais qui deviennent maintenant de plus en plus courants et positifs avec des drogues de synthèse", confie Tristan Casagrande, gardien de la paix. Ces nouvelles molécules passent parfois entre les mailles des tests salivaires.

Des effets qui peuvent durer plusieurs jours

Les effets des drogues de synthèse, du cannabis ou de la cocaïne sont différents, mais leur consommation modifie toujours les capacités des conducteurs.

"Le cannabis ralentit le temps de réaction, altérer les capacités de coordination, diminuer les capacités attentionnelles alors que les produits stimulants entraînent une surestimation de la capacité à se gérer, à gérer sa maîtrise et son environnement, et une sous-estimation du risque", détaille la Docteure Geneviève Lafaye, psychiatre-addictologue.

Une sous-estimation du risque, mais aussi de sa durée. L’altération des capacités intellectuelles peut se poursuivre plusieurs heures, voire plusieurs jours après la consommation de stupéfiants. Ce sont des effets peu connus d’autant que la prévention manque sur le sujet.

700 décès liés à la drogue sur les routes

"Communiquer sur l’usage des stupéfiants et la conduite serait admettre quelque part que la consommation de stupéfiants est autorisée. Or, elle est interdite en France" commente Anne Lavaud, déléguée générale de l'association Prévention Routière. "Il va falloir que les choses changent sans doute par rapport à la réalité de cette consommation des Français pour que des messages plus incisifs puissent être passés concernant la conduite sous stupéfiants", ajoute-t-elle.

Plus de 700 personnes meurent chaque année dans des accidents liés à la consommation de drogue et c'est la troisième cause de décès sur la route. Le gouvernement prévoit d’augmenter encore les contrôles cette année.