Comment soigner l'arthrose du genou... en bouchant des artères

Le genou est l’une des articulations les plus touchées par l’arthrose. Un nouveau traitement, l'embolisation, consiste à boucher des artères pendant quelques minutes et donne des résultats encourageants. Reportage.

Delphine Renault
Rédigé le
Un traitement innovant contre l'arthrose du genou
Un traitement innovant contre l'arthrose du genou  —  Le Mag de la Santé - France 5

Depuis deux ans, Laurence souffre d’arthrose aux deux genoux. Les traitements ne la soulagent plus, et désormais, il lui est impossible de descendre les escaliers ou de s’accroupir.

Agir sur la composante inflammatoire de l'arthrose

Mais l'embolisation qu'a subie Laurence au niveau du genou droit a changé sa vie. Cette technique consiste à boucher pendant quelques minutes les micro-artères qui seraient à l’origine de son arthrose. Elle va bénéficier à nouveau de cette technique innovante, pour son genou gauche. 

"On pensait que l'arthrose était uniquement due un conflit mécanique, mais, il y a aussi une composante 'inflammatoire' au niveau de petites artères anormales. On va les nettoyer, les boucher de façon temporaire", explique le Pr Marc Sapoval, radiologue interventionnel à l'Hôpital Européen Georges Pompidou, à Paris.

Une embolisation sous anesthésie locale

Pour repérer ces fameuses artères anormales qui font souffrir Laurence, le radiologue injecte un produit de contraste. Pour cela, sous anesthésie locale, il passe un cathéter dans l’artère fémorale.  

La première artère anormale est repérée, le radiologue va pouvoir la soigner en injectant un produit spécifique. "C'est un dosage très précis avec des produits de contraste qu'on utilise depuis très longtemps, qu'on a eu l'idée d'associer pour faire ces petites billes qu'on va très bien voir lors de l'injection. C'est le principe actif que je vais injecter", commente le Pr Marc Sapoval.

Stopper les douleurs dès le lendemain

La première artère est soignée. Grâce au contrôle radio, le médecin repère les autres artères anormales. Au total, le spécialiste en traite huit. 

"Le matériel qu'on injecte dans les artères est un matériel temporaire : on veut bloquer l'artère pendant quelques minutes. De cette façon, on casse le cercle vicieux des artères anormales qui entraînent les douleurs, qui entraînent l'inflammation, les petits nerfs qui se développent et qui expliquent la douleur. Une fois ce cercle vicieux cassé, on pense qu'on a gagné", précise le Pr Marc Sapoval. 

Cette nouvelle technique est en cours d’évaluation et une deuxième phase d’essai est en préparation. Laurence pourra rentrer chez elle d’ici quelques heures, et dès demain, elle devrait ne plus avoir de douleur dans le genou.