Les médecins manquent de formation sur la tuberculose

Une étude publiée dans le bulletin épidémiologique hebdomadaire dénonce l'insuffisance de formation du personnel soignant sur la tuberculose en Seine-Saint-Denis. Des porteurs du bacille sont par conséquent repérés tardivement.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Les médecins manquent de formation sur la tuberculose

La Seine-Saint-Denis est le département le plus touché par la tuberculose avec environ 30 cas pour 100 000 habitants contre une moyenne de 9 pour 100 000 en France. Le service de prévention et d'action sanitaire du département a mené une enquête rétrospective en 2010 à la suite de la déclaration de cas de la maladie dans deux lycées afin d'étudier la dynamique des contaminations. L'étude est publiée cette semaine dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH).

Les auteurs se sont penchés plus précisément sur le cas d'une jeune lycéenne d'une filière sanitaire et sociale, qui a été déclarée apte à la rentrée 2008 par un médecin généraliste malgré ses résultats du dépistage de la tuberculose. En effet si sa radiographie pulmonaire était normale, l'intradermo-réaction de la patiente était de 20 mm. Le diagnostic d'une infection tuberculeuse latente (ITL) est établi pour un résultat de 10 mm en l'absence de signes cliniques. La personne est donc porteuse du bacille de Koch mais ne développe pas la maladie.

L'autorisation du médecin lui a permis d'effectuer un mois plus tard un stage au service de gériatrie d'un hôpital en octobre 2008 et ce, malgré le résultat de l'examen sur son certificat sans que la médecine scolaire ou hospitalière s'en soit rendue compte. Elle a finalement été dépistée en janvier 2009.

L'enquête a démarré à la réception de la déclaration et un dépistage a été effectué auprès de "sujets contacts", c'est-à-dire des personnes ayant fréquenté la jeune fille sur une durée significative alors qu'un autre cas se déclarait dans un autre lycée. Parmi les 1 347 personnes examinées, 15 cas de tuberculose ont été diagnostiqués ainsi que 229 ITL. S'il n'est pas possible d'attribuer ces infections exclusivement aux premiers cas, l'étude indique néanmoins qu'un grand nombre de contaminations aurait pu être évité.

Les auteurs concluent qu'il existe des "freins à l'efficacité de la lutte antituberculeuse." Ils soulèvent le problème de la formation du personnel médical à la reconnaissance de la tuberculose en raison de la faible incidence de la maladie en France. Ils préconisent donc une formation continue et systématique dans les départements les plus touchés. Ils soulignent également que le dépistage a rencontré des difficultés face à l'inquiétude des sujets contacts et les réticences dans les structures scolaires.

Sources  : AFP et BEH, Romby A, Mijatovic D, Vincenti-Delmas M, Investigations croisées autour de cas de tuberculose en lycée, Seine-Saint-Denis, 2009-2010

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