VTT : verge trop tendue

Tombé par accident sur la barre de son vélo, un vététiste irlandais de 22 ans a manifesté un priapisme persistant. Ce cas médical rare, mais parfaitement authentique, a été rapporté dans l'édition de janvier 2014 de l'Irish Medical Journal.

Florian Gouthière
Rédigé le
Tomber à califourchon sur un objet contondant peut entraîner de graves blessures au niveau du périnée ou de la verge. (crédit photo : cc-by-sa Toudilo)
Tomber à califourchon sur un objet contondant peut entraîner de graves blessures au niveau du périnée ou de la verge. (crédit photo : cc-by-sa Toudilo)

Un Irlandais de 22 ans s'est présenté au service d'urologie de l'hôpital Adelaide & Meath de Dublin. Il a expliqué être tombé, cinq semaines plutôt, sur la barre de son VTT. Depuis lors, son pénis restait en constante érection. Il ne ressentait pas de douleur particulière mais jugeait cette condition, à la longue (si l'on ose dire), quelque peu incommodante...

Une persistance involontaire de l'érection au delà de quatre heures, en l'absence de toute stimulation, caractérise un priapisme. Il existe deux formes distinctes de priapisme. Le premier est dit à "bas débit" (ou ischémique) : il résulte d'un emprisonnement du sang dans les corps caverneux, et peut conduire à une nécrose des tissus. Le priapisme à "haut débit" est plus rare, et généralement beaucoup moins douloureux. Il résulte de la rupture d'une artère à la base du pénis. Au lieu de circuler normalement, le sang afflue dans la verge, dont l'érection est maintenue.

Le patient irlandais souffrait, selon toute vraisemblance, du second type de priapisme. Une angiographie a confirmé qu'une artère à la base de son pénis s'était rompue.

Devant une telle situation, les options du corps médical sont restreintes. Si une simple surveillance est possible (le priapisme cessant de lui-même dans 60% des cas), l'absence d'intervention spécifique est associé à un risque important de dysfonction érectile sur le long terme. Les traitements pharmacologiques sont pour leur part difficiles à mettre en œuvre, les composés chimiques étant rapidement éliminés dans le flux sanguin. La compression de l'artère, à l'aide d'un dispositif mécanique, ou une intervention chirurgicale, peuvent également être envisagées.

Souhaitant diminuer au maximum les risques de dysfonctions érectiles ultérieures chez ce patient, le docteur John Thornhill a réalisé une embolisation (obstruction de l'artère rompue, aux fins de la faire "mourir", qui n'entraîne pas de séquelles pour le traitement du priapisme dans la moitié des cas). Une injection d'un matériau résorbable dans l'organisme a ainsi permis de soigner avec succès son patient, qui a pu reprendre ses activités sportives.

Moins d'une dizaine de cas de priapisme à haut débit, consécutifs à la pratique du VTT, ont été auparavant recensés dans la littérature médicale.

Le plus surprenant dans ce cas reste la surprenante insouciance du vététiste. Le priapisme peut avoir des conséquences graves. La persistance d'une érection au delà de quatre heures, en l'absence de toute stimulation, impose de consulter les Urgences sans délai.

Source : Mountain Bikers Priapism: A Rare phenomenon. J. Ul Islam, R. Browne, J. Thornhill Irish Medical Journal, janv 2014.

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