Vous ne ressentez aucun plaisir à faire du sport ? On a compris pourquoi !

En 2013, je me mets au sport ! Chaque année, la motivation renaît, mais rien à faire, au fil des semaines, notre volonté perd de sa force. Pourquoi nos bonnes résolutions ne tiennent pas toujours ? Et si l'incapacité à se motiver et ressentir du plaisir pendant une activité physique était en cause ? La réponse se situe dans notre cerveau !

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Vous ne ressentez aucun plaisir à faire du sport ? On a compris pourquoi !
©Inserm/F. Chaouloff
©Inserm/F. Chaouloff

Les adeptes du sport régulier le savent : l'exercice physique intensif procure une sensation de bien-être. Il active la zone de la récompense, ce qui se traduit par la libération de dopamine, l'hormone du plaisir et d'endorphines. Cette libération liée au sport en rend certains totalement accro. Pour eux pas une semaine ne se passe sans un footing ! D'autres en revanche restent insensibles à cet effet, n'y voyant que souffrance inutile.

"L'incapacité à ressentir du plaisir lors de l'activité physique, souvent citée comme une cause de non adhésion partielle ou totale à un programme d’exercice physique, indique que la biologie du système nerveux est bel et bien en jeu", explique Francis Chaouloff, directeur de recherche (Inserm 862, Université Bordeaux Ségalen).

Ce sont ces mécanismes neurobiologiques sous-jacents de cette inactivité physique que les chercheurs ont cherché à identifier.

Ils ont ainsi découvert le rôle important joué par une protéine, le récepteur des cannabinoïdes CB1, spécifiquement dans le cadre d'une activité physique. Et montré sur la souris que la localisation de ce récepteur avait une incidence sur sa motivation à accomplir ou non un exercice physique. Il est en effet situé sur des terminaisons de neurones GABAergiques (des neurones utilisant comme neurotransmetteur le GABA), dans une aire cérébrale associée aux systèmes de motivation et de récompense.

La stimulation de ces récepteurs aboutit à l'excitation des neurones dopaminergiques impliqués dans la motivation.

En l'absence de récepteur CB1, les performances sont diminuées de 20 à 30% en raison d'une motivation moindre. Autrement dit, s'il n'y a pas de récepteur, l'individu est moins motivé pour réaliser un exercice physique.

Plus précisément, la stimulation des récepteurs CB1 inhibe la libération de GABA. Or le GABA inhibe les neurones à dopamine associés aux processus de motivation et de récompense, ce qui signifie qu'au final, il y a moins de GABA, plus de dopamine, et donc un sentiment de motivation et de récompense. Sans récepteur, le GABA continue de freiner les neurones dopaminergiques, ce qui est associé à un manque de motivation pour l'activité physique.

"Si cette hypothèse motivationnelle est validée, ce récepteur jouerait donc plus un rôle dans l’adhérence à l’exercice que dans les performances physiques stricto sensu", expliquent les chercheurs.

Aux médiateurs connus du plaisir et de l'addiction associés à la pratique régulière du sport, s'ajoute donc désormais le rôle important joué par les cannabinoïdes CB1 dans les processus motivationnels liés aux performances physiques.

Cette découverte peut réjouir ceux qui préfèrent leur canapé au sport : à quand un médicament stimulant les récepteurs et nous motivant pour faire du sport ? Mais la "paresse sportive" n'étant pas une maladie, ils devront trouver d'autres astuces pour pratiquer une activité physique régulière !

Source : "Ventral Tegmental Area Cannabinoid Type-1 Receptors Control Voluntary Exercise Performance", Biological Psychiatry, 12 décembre 2012, doi:10.1016/j.biopsych.2012.10.025

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