Découverte d'un gel pour bloquer l'infection du sida

Un gel microbicide vaginal permettrait de neutraliser le virus du sida lors d'un rapport sexuel. Les recherches du CEA, du CNRS et de l'Université Paris-Sud ont fait naître un nouvel espoir dans la lutte contre l'infection, en testant ce gel qui s'est révélé très efficace sur des primates.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Découverte d'un gel pour bloquer l'infection du sida

C'est une prouesse scientifique réalisée dans la prévention du sida par les femmes. Les chercheurs du CEA, du CNRS et de l'Université Paris-Sud ont démontré l'efficacité d’un gel microbicide à application vaginale pour neutraliser le virus lors d'une exposition à risque. Le sida se transmet lorsque le virus se greffe sur les lymphocytes, les cellules du système immunitaire.

Les scientifiques ont appliqué un gel vaginal contenant des miniprotéines sur six macaques femelles avant de les exposer à une très forte dose du virus du sida. Or ces miniprotéines ressemblent au point d'entrée habituel du virus. En mimant le récepteur à la surface de ces cellules, elles piègent le virus. "Il a fallu obtenir un mime meilleur que le récepteur naturel pour pouvoir tromper le virus", précise Loïc Martin, chercheur au CEA ayant participé au développement du gel.

Cinq macaques sur six séronégatifs

Le leurre a fonctionné pour cinq des six animaux, le sida s'est accroché et l'infection n'a pas pu se développer. Cinq macaques ont été protégés du virus, ne sont pas tombés malades et sont restés séronégatifs. 

Ce n'est pas le premier gel de ce type à être à l'étude. D'autres gels microbicides de protection vaginale et rectale sont déja en phase 3 des tests cliniques chez l'homme. Les principes actifs contenus dans ces gels sont les mêmes que ceux utilisés dans les trithérapies en traitement du sida chez les personnes séropositives. Mais le nouveau gel présenterait plusieurs bénéfices par rapport à ces derniers.

"L'intérêt de cette nouvelle famille de molécules utilisée pour développer ce gel par rapport aux précédentes, explique Loïc Martin, c'est que ce dernier n'entraînerait pas de résistance au virus contrairement à certaines. Autre avantage : la mini-protéine développée ressemble aux protéines présentes dans notre corps. "Elle serait moins toxique que l'une des molécules antirétrovirales testées (le nonoxynol-9) et qui a montré l'effet inverse et augmenté la vulnérabilité au sida en provoquant une inflammation de la paroi vaginale."

Pas mieux que le préservatif

A l'heure actuelle, cette découverte prometteuse n'en est encore qu'au stade de la recherche préclinique. Les résultats viennent d'être publiés dans la revue PLOS Pathogens. La prochaine étape devrait être un essai clinique, si un laboratoire ou un état décide de développer cette technique. "Malgré des progrès importants, pour l'instant, nous sommes encore loin de disposer de ce type de moyens de prévention en pharmacie", précise le chercheur, l'usage du préservatif restant le seul moyen efficace aujourd'hui de se protéger contre le virus du sida.

Source : "MiniCD4 Microbicide Prevents HIV Infection of Human Mucosal Explants and Vaginal Transmission of SHIV in Cynomolgus Macaques", PLOS Pathogens, Dec 2012.

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