Ukraine : quel suivi médical pour les patients réfugiés ?

Depuis le début de l’offensive russe, plus de 5 millions d’Ukrainiens ont fui leur pays. En France, plus de 70 000 Ukrainiens bénéficient de l’allocation pour demandeurs d’asile. Parmi eux, des personnes avec des pathologies graves ou chroniques sont prises en charge.

Géraldine Zamansky
Rédigé le , mis à jour le
L'actualité - Ukraine : quel suivi médical pour les patients réfugiés ?
L'actualité - Ukraine : quel suivi médical pour les patients réfugiés ?  —  Le Magazine de la Santé - France 5

Depuis un mois, Volodymyr et sa famille ont trouvé refuge en France. Il a quitté une région très touchée par la guerre, le Donbass, dans l’Est de l’Ukraine.

"Le moment où on a décidé de partir, c’est après le bombardement de la maison de notre voisine. On a appris qu’une amie avait été tuée lors de ce bombardement. Ça a rendu tout le monde hystérique(...) nous avons décidé de partir en Pologne. Là-bas, les bénévoles nous ont conseillé de venir en France, surtout pour mes soins", explique Volodymyr Shevchenko, 61 ans.

Mener une enquête médicale

Depuis son opération du cancer du côlon en janvier dernier, Volodymyr a été contraint d’arrêter les traitements. Aujourd'hui, il vit avec une stomie, une poche qui récupère ses selles. Il place beaucoup d’espoir dans cette consultation avec deux chirurgiens digestifs. 

Volodymyr ne parle ni anglais, ni français. C’est grâce à une interprète que la compréhension s’opère. 

"On mène une enquête, c’est limite une enquête policière. Il faut récupérer les comptes rendus opératoires, d'hospitalisations, l’anapath. Ensuite, il faut les faire traduire. Il y a tout ce travail qui rajoute une petite complexité à la prise en charge. Il n'y a strictement aucun critère d’urgence, il faut le rassurer", confie le Dr Sami Chaibi, chirurgien digestif au groupe hospitalier public Sud de l’Oise. 

Les chirurgiens proposent un suivi régulier pour éviter la récidive et une opération pour rétablir son circuit digestif. 

Traduction des examens et des médicaments

Dans le service de cardiologie, Svitlana Boichuk souffre d’hypertension artérielle depuis une dizaine d’années. Elle aussi a fui les bombardements au début de l’offensive russe. 

"J’ai fait une dépression nerveuse. J’ai pleuré pendant presque 24 h, je n’arrivais pas à me calmer. J'ai pris des antidépresseurs, mais ça ne m’a pas soulagé et c’est à ce moment-là que j’ai décidé de quitter mon travail et de rejoindre ma fille en France", déclare t-elle. 

Le stress est un facteur de risques pour l’hypertension artérielle. Après une prise de tension et un électrocardiogramme plutôt rassurants, Svitlana sort son attirail de médicaments et ça se complique pour le cardiologue. Il y a beaucoup de médicaments russe ou ukrainien.

En attendant leur traduction, le cardiologue les met de côté. Il prévoit aussi un bilan très complet pour éviter de passer à côté de quelque chose, avec une prise de sang, un examen thyroïdien, une épreuve d’efforts.

"Une hypertension artérielle mal soignée peut avoir des conséquences graves d’un point de vue cardiovasculaire, rénal, avec des AVC, de l’insuffisance rénale, de l’insuffisance cardiaque et des risques d’infarctus du myocarde. Il faudrait qu’il y ait un suivi régulier", précise le Dr Smain Sayah, cardiologue au groupe hospitalier public Sud de l’Oise.

Pour Svitlana, des examens médicaux seront effectués dans les prochaines semaines. Une fois son hypertension stabilisée, elle n’aura plus que rendez-vous tous les 6 mois.
 
Si elle s’occupe aujourd'hui de sa santé, les pensées et le coeur de cette soixantenaire sont en Ukraine.