Sexualité féminine : quand l'orgasme vient trop vite !

Moins connu que les difficultés à avoir un orgasme, l'orgasme trop rapide chez les femmes n'est pourtant pas anecdotique…

Dr Charlotte Tourmente
Dr Charlotte Tourmente
Rédigé le , mis à jour le
Sexualité féminine : quand l'orgasme vient trop vite !
Photo : ©Fotolia - Piotr Marcinski

On entend beaucoup parler des difficultés à avoir un orgasme chez les femmes, mais beaucoup plus rarement d'une jouissance trop rapide. Il y a peu de données scientifiques à ce propos. En 2003, deux sexologues réputés, Kaplan et Sadock y consacrent deux lignes brèves et estiment sa fréquence à 10%.

Dans une étude intitulée l'orgasme prématuré existe-il ? et publiée en 2011 dans la revue Sexologies, une équipe portugaise offre quelques clés de compréhension. 510 femmes âgées de 18 à 45 ans ont répondu au questionnaire mis au point par les chercheurs. 4 femmes sur 10 avaient occasionnellement ou rarement un orgasme trop rapide, et 16,9% souvent ou toujours (4 sur 10 n'avaient aucune difficulté). Près de 14% se plaignaient d'un manque de contrôle sur leur orgasme souvent ou toujours (et 41% rarement). La jouissance survient parfois avant même la pénétration ou pour une stimulation très légère.

Un retentissement négatif rare

Seules 3% des femmes en souffraient. Il apparaît donc que l'orgasme prématuré est plutôt bien vécu par la grande majorité des femmes ! Un chiffre étonnant si l'on fait le parallèle avec la souffrance ressentie par les hommes avec une éjaculation trop rapide.

Dans cette étude, seules 3,5% des femmes constataient des difficultés relationnelles dans le couple parce qu'elles jouissaient avant leur amant. Pourquoi ? Tout simplement parce que la femme a la chance de ne pas avoir de période réfractaire, ce temps nécessaire à l'homme pour avoir une seconde érection après l'éjaculation. Elle peut donc continuer le rapport avec plaisir (voire un autre orgasme) jusqu'à ce que son partenaire jouisse à son tour. Un constat à modérer pour certaines femmes qui peuvent ressentir une gêne à poursuivre le rapport du fait d'une hypersensibilité de leur sexe et du clitoris. L'excitation retombe et rend la poursuite du rapport impossible.

Que faire ?

Si l'on souffre de la rapidité de la jouissance ou s'il y a un retentissement négatif dans le couple, il existe quelques moyens pour ralentir l'acmé du plaisir. En dehors du rapport, les caresses en solo permettront de connaître ses zones érogènes et les sensations précédant l'orgasme, dans le but de ralentir le rythme durant une étreinte.

Si lors de l'ébat, c'est la stimulation du clitoris qui provoque l'orgasme, adieu à la masturbation durant le rapport, au moins au début… Lorsque les douceurs voluptueuses d'un cunnilingus offrent un aller direct vers l'orgasme, il est conseillé de l'éviter lors des préliminaires et de le garder pour finir en apothéose.

D'autre part, il faut aussi identifier les positions sexuelles qui sont les plus efficaces et offrent une stimulation trop intense. Si l'orgasme survient par stimulation du point G, il faudra choisir une position où l'on peut contrôler davantage l'inclination et l'intensité des mouvements, comme dans l'Andromaque (femme sur l'homme allongé) ou le missionnaire. La levrette est souvent trop vive et elle est à à réserver pour un final en beauté !

Convertir son partenaire au slow sex, cette sexualité plus ralentie et moins centrée sur l'orgasme, est une belle façon de profiter des plaisirs sensuels sans se précipiter au 7ème ciel...

 

Différent d'un syndrome d'excitation sexuelle permanente

L'orgasme prématuré est parfois confondu avec un syndrome d'excitation sexuelle permanent. Celui-ci se définit par la présence de sensations au niveau du sexe et du clitoris sur plusieurs heures, jours ou moins, en l'absence de désir sexuel. Ces sensations ne sont pas souhaitées par la patiente, qui les vit mal et ne disparaissent pas à la suite d'un ou plusieurs orgasmes. Le syndrome d'excitation génitale permanent est épuisant, douloureux à vivre, et il a défrayé la chronique en 2012 en aboutissant à un suicide.