Covid : Le deuil impossible des familles

Plus de 100 000 morts du Covid depuis le début de la crise sanitaire, et autant de familles brisées, de personnes dévastées par la perte de leur proche. Un deuil rendu particulièrement difficile par le protocole sanitaire.  

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Il s’est éteint le 11 janvier dernier à 81 ans. Etienne Draber, comédien facétieux, a attrapé la Covid-19 à l’hôpital, après une opération du cœur. Son état se dégrade rapidement. Transféré dans un autre service, sa fille Stéphanie n’est plus autorisée à lui rendre visite. Elle ne peut l’accompagner dans ses derniers moments. 

Incompréhension et colère

« Je suis arrivée la fleur au fusil à l’unité gériatrie Covid, « je peux voir mon père ? » « on ne voit personne. Vous le verrez au dernier moment » j’étais médusée. Mon père me réclamait et c’est « non non non ».

Mon père a beaucoup pleuré et le 11 au matin il s’est éteint à 10h45. Et là on nous a dit qu’on avait le droit de le voir que pendant une heure et qu’ensuite on ne le reverrait plus car les gens qui meurent du Covid sont tout de suite mis dans une housse en plastique avec un code barre et un numéro. Comment pouvez-vous faire votre deuil de ça ? » se remémore Stéphanie Bataille – Présidente du Collectif tenir ta main.

Un hommage national réclamé par les familles

Pour aider ces familles, l’hôpital Avicenne en Seine-Saint-Denis a mis en place des consultations spécialisées – gratuites - et dédiées à tous les Franciliens. Depuis janvier dernier, le protocole sanitaire à l’hôpital s’est assoupli mais la situation reste différente d’un établissement à l’autre.

Avec les restrictions, la brutalité de la disparition, le décès peut sembler irréel. « Voir le corps, même si ça peut paraître morbide, c’est important pour pouvoir réaliser et accepter. Et puis il y a cette idée de ne pas avoir respecté les dernières volontés du défunt. Parce que la personne ne voulait pas forcément être incinérée, qu’elle voulait être enterrée à un certain endroit. 

Du fait de cette culpabilité les personnes ne peuvent pas s’autoriser de faire le deuil. Elles ne peuvent pas s’autoriser d’aller bien, d’avancer en quelque sorte » explique Victoria Lotz, psychologue clinicienne à l’Hôpital Avicenne (93). Se relever, se reconstruire... et puis commémorer. Pour ne pas oublier, des centaines de familles appellent à organiser un hommage national.