Les anciens ouvriers des chantiers navals de Dunkerque victimes de l'amiante

Sur les chantiers navals de Dunkerque, l'amiante aurait provoqué 663 décès. Depuis près de 20 ans, d'anciens salariés et leurs proches se battent pour faire reconnaitre le lien entre leur travail et leur maladie. 

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

C’est un chemin que Pierre Pluta n’avait pas fait depuis longtemps. Mais quand cet ancien ouvrier arrive devant l’entrée des chantiers navals, l’émotion est toujours aussi forte. "C’est quand même 25 ans d’une vie et de carrière ici. Ce qui est malheureux, c’est d’avoir travaillé ici et d’être dans l’état où l’on est." Pierre souffre de plaques pleurales et d’une asbestose, de graves problèmes respiratoires, à cause de l’amiante.

Des ouvriers qui travaillaient sans aucune protection

Comme de nombreux ouvriers ayant travaillé à la construction des navires, il a été exposé à l’amiante. "Il neigeait de l’amiante dans le compartiment machine. Comme on n’avait pas de protection au niveau respiratoire, on avait les narines qui étaient remplies de poussières d’amiante. On prenait un chiffon dans notre poche et on se nettoyait les narines avec ce chiffon et on continuait à travailler dans ces conditions."

A plusieurs reprises, les salariés alertent les dirigeants de l’entreprise. Sans succès. Une attitude qui provoque la colère de Pierre Pluta : "on continuait à utiliser ce produit alors qu’ils savaient qu’il allait tuer. Mais en réalité, c’était le profit qui passait avant".

Après 20 ans de procédure judiciaire, aucune condamnation n'a été prononcée

Créée en 1996, l’association des victimes de l’amiante de Dunkerque regroupe d’anciens salariés malades et des proches de victimes.  Après 20 ans de procédures judiciaires, aucune condamnation n’a été prononcée en France.  Pas de quoi décourager Jean-Pierre Decodts : "j’ai la rage au cœur. Comment pourrait-on baisser les bras quand on voit quelqu’un mourir à 47ans d’un mésothéliome. Ce n’est pas possible. Sur la stèle, c’est marqué on a travaillé pour gagner notre vie, pas pour la perdre".

L’association a donc décidé d’attaquer devant la justice pénale. Marjorie Le Veziel, dont le mari est décédé à cause de l’amiante, explique : "Je ne veux pas que les gens soient condamnés et mis en prison, mais que la faute soit reconnue pour que nos maris ne soient pas morts pour rien". Le 4 avril prochain, les proches et les victimes de l’amiante marcheront en silence autour du Palais de Justice de Dunkerque,

Dans la région des Hauts de France, les cancers liés à l’amiante sont 269 fois plus importants que dans le reste du pays. En moyenne chaque année, l’amiante tue 3.000 personnes en France.