Pourquoi la nouvelle offre de téléconsultations Ramsay fait scandale

Le groupe privé Ramsay propose une offre de téléconsultations à 11,90 euros par mois, que de nombreux médecins condamnent vivement. Mais que contient vraiment cette offre ? Et quels sont les risques ? On fait le point.

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le
Forfait de téléconsultation : une offre qui fait scandale
Forfait de téléconsultation : une offre qui fait scandale  —  Le Mag de la Santé - France 5

Une offre de téléconsultation en illimité 24h/24, 7j/7 pour 11,90 euros par mois. C’est un service proposé par un groupe privé, le groupe Ramsay. Voilà une nouvelle qui hérisse de nombreux médecins qui dénoncent une nouvelle fois l’ubérisation de la médecine.

Le jeudi 8 juin, l'Ordre des médecins a dit "s'opposer" à ce service et a demandé au ministre de la Santé François Braun "de proposer et de mettre de nouveaux outils de régulation, afin de lutter contre tout mésusage de la télémédecine".

20 appels par an, avec ou sans téléconsultation

Mais en quoi consiste ce service ? "Ce groupe propose un service de mise en relation avec un médecin par téléphone" détaille le Dr Pierre de Brémont d'Ars, médecin généraliste en centre de santé et président du collectif NoFakemed, une association de professionnels de santé qui alerte sur le danger des fake médecines. "À la suite de cet appel, le médecin peut décider de créer une téléconsultation", poursuit-il. L'utilisateur est par ailleurs "limité à 20 appels par an, et peut-être encore moins de téléconsultations derrière".

Tous les mois, l'utilisateur est donc facturé 11,90 euros, qui ne seront jamais pris en charge, pour avoir accès à un médecin qui donne un avis. La téléconsultation qui suit éventuellement sera facturée, puis remboursée ou non selon certaines conditions.

Cette offre pourrait paraître intéressante dans un contexte où on manque de médecins et où l'accès aux soins est compliquée en France. Mais "le problème, c'est que le médecin qui va répondre à cette téléconsultation ne va pas être dans un cabinet, à voir des patients en consultation. On prend des médecins pour leur faire faire de la téléconsultation ou du téléconseil avec derrière une démarche commerciale qui consiste à faire payer des gens pour les faire accéder à un service qui est un bien public : tout le monde est censé avoir accès à la santé. Ici, vous avez une commercialisation de la santé", explique le Dr Pierre de Brémont d'Ars.

Aggraver la difficulté d'accès aux soins

Autre problème : la majorité des téléconsultations est faite par des personnes de 30 à 44 ans en milieu urbain. Or la priorité de l'accès aux soins aujourd'hui est les personnes âgées, les personnes qui souffrent de problèmes de santé psychique, qui ont plusieurs problèmes de santé ou qui sont dans des situations compliquées. Et ces personnes ont moins accès à la téléconsultation.

"La téléconsultation est un outil intéressant dans certains cas", reconnaît le généraliste, par exemple pour la téléexpertise ou pour les personnes atteintes d'un trouble psychiatrique. Mais ici, le risque est de "désaffecter les troupes" qui sont déjà en faible ressource pour une plus-value peu intéressante. 

"Je recommande à mes confrères de choisir le mode d'exercice qui leur convient, certains médecins retraités peuvent avoir envie de continuer à téléconsulter. Mais la téléconsultation exclusive quand on commence la médecine, c'est risquer de perdre ses compétences cliniques, de perdre le lien avec les patients et de s'épuiser avec 8 à 10 patients par heure", met enfin en garde le Dr de Bremont d'Ars.