Décès du professeur Michel Reynaud, célèbre addictologue français

Le Pr Michel Reynaud est décédé hier, dimanche 28 juin. Psychiatre très engagé dans la lutte contre les addictions, il a beaucoup apporté dans ce domaine longtemps déconsidéré par la communauté scientifique et médicale. 

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Rares étaient les psychiatres qui s’intéressaient aux "drogués" lorsque le Pr Reynaud a décidé de se consacrer entièrement à leur prise en charge.
Dans leur hommage aujourd’hui, ses collègues le considèrent même comme un des pères fondateurs de l’addictologie. Il a largement contribué à l’évolution de cette discipline pour faire reconnaître la dépendance comme une  véritable pathologie, en décryptant notamment ses mécanismes au niveau neurologique par exemple.

Le Pr Reynaud a ainsi créé un Centre d'Enseignement de Recherche et de Traitement des Addictions (Certa), une référence en addictologie. Il a longtemps dirigé le département psychiatrie et addictologie de l'hôpital universitaire Paul-Brousse à Villejuif où on retrouve encore aujourd’hui de nouveaux pionniers qui aident les jeunes dépendants aux jeux vidéos par exemple. 

Une voix dans la lutte contre les lobbys de l’alcool

C’est dans le cadre de ce combat que nous l’avons accueilli pour la dernière fois sur ce plateau. Il était déçu par l’abandon de la campagne du "Dry january", "Janvier sans alcool", par les autorités sanitaires françaises. Le Pr Reynaud n’avait de cesse de dénoncer la vision "légère" de l’alcool par ses défenseurs. Derrière ceux pour qui cette boisson est un plaisir occasionnel, il y a ceux dont la consommation les met gravement en danger.

Le Pr Reynaud voulait lever le tabou sur l’alcoolisme et ses dangers en France. Il continuait à se battre pour le développement de véritables campagnes de prévention de l’addiction. Il souhaitait aussi qu’elle soit reconnue comme une "affection longue durée" par l’Assurance Maladie, c’est-à-dire une véritable maladie chronique, comme le diabète par exemple. Aujourd’hui, toutes sortes d’obstacles persistent à sa prise en charge. D’après les spécialistes, seuls 20% des patients touchés bénéficieraient des soins adaptés.