Info ou intox : Les dangers du port du masque

Certains Français refusent de porter le masque et avancent plusieurs arguments pour se justifier. Notre journaliste est allée débusquer les fausses informations et vous explique si le masque est dangereux pour la santé.

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le

Dans les lieux clos comme les magasins ou au travail et plus récemment à l’extérieur dans certaines villes touristiques et grandes agglomérations, l’obligation de porter un masque s’étend. En parallèle, sur les réseaux sociaux, commencent à émerger des groupes anti-masques. Une des critiques récurrentes est que le masque empêche de respirer. 

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    La santé par l'hygiénisme - Eatman

"L’utilisation prolongée du masque produit de l’hypoxie".  

L'hypoxie est la diminution de la quantité d’oxygène apportée aux organes par le sang. La peur, c’est qu’avec le masque on respire moins bien et donc que l'on ait moins d’oxygène.  

Cette publication est fausse car :  

  • Ces masques étaient utilisés avant l’épidémie par les équipes soignantes depuis de longues années.  Les soignants peuvent garder les masques pendant plusieurs heures de suite. Il n'y a pas de cas de soignants intoxiqués.
  • Le Dr Gilles Dixsaut, physiologiste de la respiration et membre de la fondation du souffle explique que l'oxygène passe à travers le masque. Tout comme le gaz carbonique lors de l'expiration. Le masque n’est pas hermétique, donc il n'y a pas de risque d’hypoxie. Il n'y a pas de risque d'intoxication non plus. 

Si vous avez la sensation de moins bien respirer, c’est parce que le masque créé une résistance à la respiration d’où le sentiment de gêne. Cela peut juste stresser un peu ou angoisser, donnant l'envie d'hyperventiler, c'est-à-dire d'inspirer trop vite et donc se sentir étourdi ou affaibli.  

Le conseil donné par le Dr Dixsaut est de changer régulièrement de masque (on dit souvent 4h pour les chirurgicaux) ou le faire sécher. Il y a de l’humidité dans notre respiration et quand le masque est humide, cela augmente la résistance respiratoire et il perd son pouvoir filtrant. 

Le masque serait inefficace !

La théorie inverse existe aussi, à savoir l’idée selon laquelle le masque laisserait passer le virus et serait donc inefficace.  

Il y a par exemple cette publication dans laquelle on voit un homme couvert de poussière de plâtre une fois qu’il a abaissé son masque. 

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    Jean Paul Arnould


Si la poussière de plâtre passe au travers vous ne croyez pas qu’un virus passe ?"

Le Pr Yves Buisson, épidémiologiste et président de la cellule veille COVID de l’Académie de médecine explique que :

  • Le masque ne fonctionne pas du tout comme un tamis de sable sur la plage. Son pouvoir filtrant vient de l’addition de plusieurs mécanismes qui n’ont rien à voir avec la taille du virus. Par exemple un effet électrostatique : les masques sont composés d’une matière en plastique et donc ça attire les particules sur le filtre.
  • Il faut savoir aussi qu’un atome d’oxygène est bien plus gros qu’un virus. Le virus est en plus entouré d’une sécrétion, comme un postillon. C’est donc assez gros.  

Le masque est donc efficace pour retenir le virus quand un malade infecté le porte. C’est encore mieux si tout le monde autour le porte car il agit alors comme un écran. Il faut aussi continuer d’appliquer les autres gestes barrières, et notamment se laver régulièrement les mains.  

Pour l’anecdote l’homme sur la photo, c’est un pasteur américain qui a l’origine avait mis sur les réseaux sociaux une photo de lui après avoir fait des travaux dans sa maison. Elle a été récupérée sans son autorisation et détournée. Une fausse info dans une fausse information en quelque sorte... Il ne souhaite en effet pas prendre position sur le port du masque.

Des arguments pseudo-scientifiques ?

L'opposition aux masques était motivée par des arguments pseudo-scientifiques, mais, ces dernières semaines, c’est une nouvelle opposition sur une base plus politique qui monte avec la création de groupes anti-masques. 

En parallèle de l’extension de l’obligation de port du masque en France, il y a une multiplication sur les réseaux sociaux de groupe anti-masques. Il existe plus de 12 000 membres. Samedi 28 août, c'était le 1er appel à une manifestation dans Paris place de la Nation.  

 Leur mot d’ordre, des tracts prévus sur l’événement : 

  • Le masque est comparé à une muselière de chien.  
  • Ils sont contre la dictature sanitaire.  

Globalement ils peuvent être classés comme des libertariens. Le masque va à l’encontre de la liberté individuelle, l’Etat l’imposerait sans fondement. 
Fin août, il y avait 200 à 300 personnes à Paris. Cela reste une minorité, pas un mouvement.  

D’autres pays comme l’Allemagne le même jour, avec 38 000 personnes dans les rues de Berlin. Il y a une forte composante d’extrême-droite, mais aussi de militants antivaccins et des conspirationnistes.  

En France, qui sont les anti-masques ? 

Une première étude réalisée par Antoine Bristielle, chercheur à Sciences Po à Grenoble nous éclaire un peu. Près de 1 000 membres ont répondu à un questionnaire en ligne. Le profil sociologique est plutôt étonnant pour les anti-masques : 

Portrait-type de l’anti-masque :  

  • Une cinquantaine d’années.
  • Bac + 2.
  • Catégories sociales supérieures.
  • Pour les 2/3 des femmes.  

Ils n'ont pas du tout le profil des gilets jaunes mais plutôt jeunes des classes populaires. Ces anti-masques ont un point commun, ce sont des "superdéfiants". 

Une méfiance des institutions

Ils ont une vraie méfiance contre la parole des institutions avec le gouvernement, les médecins et les médias. Leur croyance est structurée et il y a peu de chances de les faire changer d’avis. Cela reste une minorité. L’enjeu c’est qu’ils ne diffusent pas leurs idées aux nombreux indécis, d'où l’importance de corriger les erreurs diffusées sur les réseaux sociaux.  

Il faut reconnaître que les revirements du gouvernement sur l’intérêt du masque pour le grand public ont favorisé le doute. Ce qui a été une vraie erreur de communication.  

​Une liberté individuelle bafouée  

Les anti-masques mettent en avant la liberté individuelle et le refus de se voir imposer une contrainte par l’Etat. Le masque est une contrainte, certes mais il permet aussi de protéger les autres. Voici le coup de colère d’une des actrices les plus célèbres de la planète, Sharon Stone.

L’actrice américaine a perdu sa grand-mère et sa marraine du coronavirus. Mi-août, c'est sa sœur qui souffre d’un lupus qui est hospitalisée. Elle montre la chambre d’hôpital où celle-ci est en isolement. L’actrice fait un vibrant plaidoyer pour le masque.  

 "Faisons quelque chose de bien aujourd'hui. Portons un masque pour protéger nos enfants, le futur, la raison pour laquelle nous sommes ici. Nous ne sommes pas ici pour nous mêmes. Nous sommes là pour le futur de nos enfants, pour rendre ce monde meilleur pour les autres. Portez un masque pour les enfants... Allez !" 

Instagram
Sharon Stone

Alors portez le masque est contraignant mais si vous ne le faites pas pour vous, faites-le pour les autres !