"Fatigue" et "colère” : des soignants réagissent à l’allocution du Président

10 000 lits de réanimation supplémentaires et la mobilisation accrue de la réserve sanitaire ont été annoncés par Emmanuel Macron. Des annonces qui ne rassurent pas forcément les soignants déjà exténués.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Il a commencé son allocution par leur rendre un hommage et par les remercier. Mais c’est aux soignants, déjà épuisés par cette année de crise sanitaire, qu’Emmanuel Macron a demandé en priorité un effort supplémentaire. Au lendemain de sa prise de parole, nous avons pris le pouls auprès de ceux qui vivent cette crise au plus proche des malades.

 

Pour le docteur Mathias Wargon, médecin urgentiste à Saint-Denis, ces mesures restent plutôt incomprises. “On a un peu l’impression qu’à l’extérieur finalement on n’a pas confiné. Tout le monde s’est laissé aller, l’incidence a augmenté et que finalement les efforts qu’il va falloir faire c’est nous qui allons encore les faire."

 

Le docteur Christophe Prudhomme, médecin urgentiste et porte parole des urgentistes de France parle lui “de fatigue et de colère devant ces mesures qui sont prises au dernier moment”.

Qui pour prendre en charge ces patients ?

Ils semblent lassés, se sentent oubliés, mais les soignants sont aussi inquiets. D’où vont venir les 10 000 lits supplémentaires promis par le Président de la République ?

Pour le Professeur Djilali Annane, anesthésiste-réanimateur à l’Hôpital Raymond-Poincaré (92), “continuer de faire croire que l’on peut passer (...) en routine à 10 000 c’est infaisable (...) car on ne peut pas transformer une chambre d’hospitalisation en chambre de réanimation.”

La question est aussi celle des ressources humaines. Par qui seront armés ces lits ? “Ce qu’il nous reste à faire c’est récupérer les équipes d’anesthésistes réanimateurs et d’infirmiers anesthésistes des établissements privés qui n’ont pas d’activité de soins critiques (...)

On demande à ce qu’ils puissent venir nous aider dans les hôpitaux et dans les cliniques privées qui font de la réanimation. C’est le dernier volant que l’on a” explique le Professeur Jean-Michel Constantin, anesthésiste-réanimateur à l’Hôpital de La Pitié-Salpétrière (75). Enfin, les soignants espèrent que ces moyens déployés seront pérennisés pour éviter un scénario catastrophique similaire, dans les mois ou les années à venir.