Les “dentistes-bouchers” de Marseille condamnés à de la prison ferme

Lionel Guedj et son père Carnot, deux ex-dentistes, ont été reconnus coupables d’avoir mutilés plus de 300 patients majoritairement issus des quartiers défavorisés de Marseille.

Mathis Thomas avec AFP
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Les “dentistes-bouchers” de Marseille condamnés à de la prison ferme
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Des centaines de victimes désormais “sans sourire” et aux “douleurs intolérables”. Le tribunal correctionnel de Marseille a condamné ce jeudi 9 septembre le Dr Lionel Guedj à huit ans de prison ferme. Cet ex-dentiste marseillais est accusé d’avoir mutilé plus de 300 patients entre 2006 et 2012, s'enrichissant au passage sur la Sécurité sociale et les mutuelles.

Selon un calcul du parquet de Marseille, Lionel Guedj, alors jeune dentiste installé dans les quartiers nord défavorisés de la ville, avait dévitalisé 3 900 dents saines, sans aucune justification thérapeutique, sur 327 patients, dans le seul but de leur poser des bridges très rémunérateurs. Il posait 28 fois plus de prothèses que la moyenne des dentistes français, avait estimé la Sécurité sociale.

Des "traitements" qui ont "détruit" des vies

Son père, Carnot Guedj, a lui écopé d’une peine de cinq ans, avec mandat de dépôt également. Pour la présidente du tribunal correctionnel, Céline Ballerini, les deux hommes avaient mis en place des "traitements uniformes et systématisés" qui ont "détruit" des vies. 

Pour la magistrate, qui a longuement motivé la décision du tribunal, avec beaucoup de pédagogie, ces peines se justifient par "le nombre de victimes", le nombre d'années pendant lesquelles se sont déroulés les faits (six ans), "le très grave préjudice" à la Sécurité sociale et les "très fortes sommes engagées pour réparer" ces patients. 

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Abcès, infections, bouche noire...

En prononçant une interdiction définitive d'exercer, elle a estimé qu'ils avaient "abusé" d'un "statut respectable de sachant qui accable" leur cas. À l’ouverture du procès, en février 2022, Marc-André Ceccaldi, avocat de plusieurs plaignants listait les troubles encore subis par les patients, près de dix ans après les faits incriminés : abcès, douleurs, infections à répétition, bouche noire, mauvaise haleine, prothèses qui ne tiennent pas… 

"85% des victimes sont des gens modestes souvent bénéficiaires de la couverture maladie universelle complémentaire (CMUC) : Lionel Guedj leur promettait un sourire de star, aujourd'hui, on parle de « sourire Guedj » pour évoquer des dents amochées", avait-il précisé. 

Marseille : un dentiste accusé de mutilation dentaire  —  Le Mag de la Santé - France 5