Immersion dans la journée sans fin d'un interne à l'hôpital

Le 28 avril a lieu "la journée sans interne", un mouvement de grève national lancé par leurs syndicats. Ils réclament une meilleure rémunération et un décompte du temps de travail. Immersion dans leur quotidien.

Charlotte Rothéa
Rédigé le
La journée sans fin d'un interne
La journée sans fin d'un interne  —  Le Mag de la Santé - France 5

Benjamin est dans sa quatrième année d’internat. Il peut déjà consulter seul les patients, et donner un avis médical. Pendant six mois, il est rattaché au service de chirurgie pédiatrique viscérale de l'hôpital Armand-Trousseau, à Paris. Et le contact passe plutôt bien avec les patients. "J'ai eu toutes les explications qui étaient nécessaires, il et très professionnel, je n'aurais pas deviné qu'il était interne", témoigne la mère d'un jeune patient.

Consultations, administratif, renfort...

Benjamin commence une longue journée : il est l’interne de garde. En plus des consultations médicales, c'est à lui de s’occuper des tâches administratives. Cela lui prend une à deux heures par jour. "On doit assurer le compte-rendu d'hospitalisation de chaque patient et faire leurs papiers de sortie, c'est-à-dire leurs ordonnances, les certificats... ça reste un temps incompressible et qu'on n'aime pas faire. Et de temps en temps, l'ordinateur ne fonctionne plus, ce serait trop facile sinon", raille le jeune interne. 

Sollicité en permanence, Benjamin enchaîne les coups de fil et les rendez-vous. Il est même appelé par d'autres unités de l’hôpital. Cette fois-ci, c’est l’hémodialyse qui le demande, dans une autre aile de l'établissement. La maman d'un jeune patient s’inquiète de l’aspect d’une plaie au niveau de son appareillage médical. Le cas est un peu complexe pour Benjamin, encore en formation. 

"Le travail des internes est indispensable"

En cas de doute, les chirurgiens confirmés sont là pour aider les internes. Mais ils ont aussi conscience de leur importance dans le fonctionnement de l’hôpital.

"Le travail des internes est clairement indispensable. Sans les internes on aurait beaucoup moins de temps pour le reste de notre travail de prise en charge des maladies lourdes, de pédagogie, de recherche etc." reconnaît le Dr Antoine Soutif, chirurgien pédiatrique viscéral à l'hôpital Trousseau.

Nouvelle mission : Benjamin est demandé au bloc opératoire pour assister le chirurgien. Malgré la charge de travail, il apprécie particulièrement ces moments. "En tant qu'interne de chirurgie ce qu'on aime le plus c'est aller au bloc. Pour nous c'est toujours excitant même de pouvoir pas faire notre métier " confie-t-il.

80h par semaine et 2 500 euros par mois

Un métier passionnant, et aussi prenant. En plus de ses journées classiques, Benjamin fait cinq à six gardes par mois. "Officiellement, notre contrat dit qu'on doit faire 48h mais si on devait faire une moyenne, on travaille entre 70 et 80h par semaine à peu près" compte-t-il.

Le mois dernier, avec ce rythme de travail, il a gagné un peu moins de 2 500 euros net. "On devrait être payés plus, vu les responsabilités qu'on prend, le taux horaire qu'on fait, l'impact des décisions qu'on a sur les patients, c'est un peu aberrant", déplore Benjamin.

À 28 ans, il reste à Benjamin encore deux ans d’internat avant de devenir chirurgien.