Fin de vie : "Je suis tétraplégique et je ne vois pas le bout du tunnel"

Choisir de mourir ou choisir de vivre, c'est un choix très personnel qui demande réflexion et courage. Jean-Claude, dont la vie a basculé il y a 6 mois, a pris la décision de mourir.

Farah Kesri
Rédigé le
Tétraplégie : choisir d'arrêter de vivre
Tétraplégie : choisir d'arrêter de vivre  —  Le Mag de la Santé - France 5

C’était il y a 6 mois, lors d’une randonnée en ski. Jean-Claude fait une chute alors qu’il connaît bien le sentier. Sa moelle épinière est alors écrasée au niveau des cervicales. Il devient tétraplégique.

Ses quatre membres sont paralysés. Malgré une intervention chirurgicale et des séances de rééducation quotidienne, l’état de Jean-Claude reste stationnaire. Pour chaque geste du quotidien, il dépend des autres. Aujourd’hui, c’est son fils qui lui donne son repas.

Il a pris la décision de mourir

"La seule indépendance que j’ai pour l'instant, c'est l’indépendance cérébrale. Je ne sais pas combien de temps ça va durer, même là, j'ai quelques faiblesses. Je suis un légume...", explique Jean-Claude Gast, 79 ans.

Pour cet ancien agriculteur et retraité très actif, cet état lui est insupportable. Jean-Claude a pris la décision de mourir.
"Je suis tétraplégique et je ne vois pas le bout du tunnel. Aujourd'hui, j'ai 79 ans, je pense que j'ai déjà fait pas mal le tour de la vie, de ma vie et je n'ai plus envie de me battre", poursuit Jean-Claude Gast.    

Sa dernière bataille sera donc celle de pouvoir décider de sa mort. Il espère bénéficier du projet de loi sur la fin de vie en France. Jean-Claude est très entouré par sa famille. Tous sont prêts à s’occuper de lui le reste de sa vie.

La Belgique, une solution pour les Français

"Moi, je suis content que tu sois là, je t'aime et je respecte tes choix. S'il faut s'organiser avec toi, je me sens libre de le faire, c'est ton choix à toi et ce n'est pas ton choix parce que ça sera plus simple pour les autres", commente Yannick Gast, fils de Jean-Claude.

Il n’est pas certain que Jean-Claude puisse remplir les conditions pour bénéficier de la prochaine loi sur la fin de vie. C’est pourquoi, il a décidé de faire une demande d’euthanasie à la Belgique. Aujourd’hui, c’est son premier rendez-vous avec le médecin belge.

"Une euthanasie pour résumer très brièvement, consiste à vous injecter un produit qui vous endort en moins d'une minute. Il n'y a aucune souffrance, vous vous endormez"
, explique le Dr Yves de Locht, médecin généraliste en Belgique.

Cela fait plus de 20 ans que la Belgique autorise l’euthanasie pour les personnes qui souffrent de maladies incurables, à condition qu’elles aient leurs facultés mentales. 

"Respecter le choix du patient"

"On doit se mettre à la place du patient, on n'est pas l'homme tout-puissant qui peut tout faire et qui peut tout guérir. C'est ce que les médecins et même les politiques doivent comprendre, la liberté du choix et respecter le choix du patient", réaffirme le Dr Yves de Locht.

Ce choix devra être réaffirmé par Jean-Claude au prochain rendez-vous prévu avec un psychologue belge.    

Jean-Claude envisage son euthanasie pour l’automne prochain en Belgique. Mais, par son témoignage, il espère contribuer au débat sur la fin de vie en France.