Fermeture de lits, manque de personnel... les urgences psys sont en crise

Les urgences, déjà saturées avant le Covid et définitivement éprouvées depuis, manquent cruellement de moyens. Faute de soignants, certains services ferment des lits pour assurer la prise en charge des adolescents en détresse. Reportage au centre Henri Laborit de Poitiers.

Géraldine Zamansky
Rédigé le , mis à jour le
L'actu - Psychiatrie : un manque de moyens alarmant
Psychiatrie : un manque de moyens alarmant  —  Magazine de la Santé - France 5

Le pavillon Tony Lainé accueille des adolescents en danger, ayant besoin d’une hospitalisation complète. Souvent, leur état s’est aggravé pendant des mois à cause du manque de soins spécialisés hors de l’hôpital. Cet accueil trop tardif dans un hôpital de jour peut mettre les adolescents en danger. Des accueils d'urgences sont mis en place dans un service qui a du mal à accueillir tous ceux qui devraient l’être. 

"On se retrouve dans une situation où il y a moins de professionnels pour accueillir de plus en plus d’adolescents en situation de difficultés et de souffrances" explique le Pr Ludovic Gicquel, chef du pôle universitaire de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent au centre hospitalier Henri Laborit à Poitiers. "On a fait le choix de fermer 5 lits d’hospitalisation pour garantir, pour ceux que l’on prend en charge, une qualité de soin, un sens du soin préservé".

À lire aussi : Urgences en crise : "Je pense qu'il y aura des décès cet été"

Des lits fermés par manque de personnel

Désormais, dans le service, 5 chambres sur 16 restent vides. Alors l’équipe s’inquiète aussi pour les adolescents qui restent à la porte de l’hôpital."On a une liste d’attente. Les familles réagissent en disant que ça fait des semaines que leur enfant est soi-disant n°1 sur liste d’attente. C’est vrai que des urgences viennent s’imposer à nous et nous obligent à reporter les entrées qu’on aurait pu programmer avec des ados qui sont à l’extérieur", commente Emmanuel Foucault, cadre de santé au centre hospitalier Henri Laborit à Poitiers.
 
Même en limitant le nombre de patients, le manque de personnel se fait ressentir. Des ateliers et surtout des consultations doivent parfois être annulés. "On a conscience que par moment effectivement, la qualité n’est pas au rendez-vous du fait de notre non-disponibilité. On le voit au quotidien avec la multiplication de passages à l’acte au sein de l’hôpital par manque de personnel", déplore Alexandre Alary, infirmier dans ce centre à Poitiers.

Sur la brèche, au fil des jours et des soins, l’équipe essaie d’éloigner ces adolescents du risque suicidaire et de les aider à retrouver un chemin de vie.